Marym a 22 ans. Elle a tué son mari Nasser et a été condamnée à mort pour cela. La seule personne qui pourra la gracier est Mona, la fille de Nasser. Où et quand ? En direct, sur un plateau télévisé pendant une émission suivie par plusieurs millions de personnes. Un film salué par la critique qui met la loi religieuse (la loi islamique du qesas permet à la famille d’une victime de demander la mise à mort du meurtrier comme forme de dédommagement) face aux néons des talk show.
Pour la vie, tapez 1. Pour la mort, tapez 2. Entre deux chansons et deux plages de pub, l’animateur beau gosse invite les téléspectateurs à choisir entre la libération ou la pendaison d’une jeune femme. Ce soir-là, soir de la fête zoroastrienne de Yalda, où l’on célèbre le solstice d’hiver en mangeant des fruits à cœur rouge et récitant des poèmes de Hafez, ils sont vingt millions, rivés sur le petit écran, à jouer le jeu. On croirait une satire de la téléréalité, une parodie de procès populaire, une version ubuesque de « Faites entrer l’accusé ».
Eh bien, non, le programme qui a inspiré « Yalda, la nuit du pardon » de Massoud Bakhshi (en salles le 7 octobre) existe vraiment. En Iran. Ce pardon, pour avoir la vie sauve, les repentants doivent l’obtenir en direct de la bouche des proches de victimes, tandis que les téléspectateurs sont appelés à donner leur avis avant l’arrivée, sur le plateau, d’un procureur, qui enregistre la sentence finale. Un show présenté à la manière d’une émission de variétés, mais conçu pour faire monter le suspense et laisser accroire que le peuple des télé-jurés est souverain. Si le pardon l’emporte, les sponsors verseront à la famille de la victime le lourd « prix du sang ».
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