21,92 %. Le résultat de Jean-Luc Mélenchon auprès des Français de l’étranger est quasiment identique à celui qu’il a obtenu sur le sol français (21,95 %). Un score surprenant qui témoigne d’une grosse poussée du candidat de l’Union Populaire auprès de cet électorat régulièrement assimilé à la droite. Ces résultats du vote des Français de l’étranger ont été publiés ce lundi 11 avril et révèlent des disparités importantes avec les suffrages en France. Plusieurs enseignements peuvent en être tirés.
Forte progression de Jean-Luc Mélenchon
Troisième en 2017, derrière Macron et Fillon, le candidat est deuxième cette année avec 21,92 % des voix. Une percée notable puisqu’il gagne 6 points par rapport à 2017 lorsqu’il avait obtenu un score de 15,83 %. C’est également 14 points supplémentaires à 2012 lorsque Mélenchon avait récupéré 8,31 % des suffrages. Contrairement à 2017 et 2022, il était alors le deuxième candidat à gauche derrière François Hollande et ses 28,32 %. En observant le nombre de voix obtenues, la progression est encore plus flagrante. De 33 503 bulletins en 2012, il en obtient 87 692 en 2017 et 109 394 en 2022 soit 76 000 voix gagnées en dix ans.
Les résultats sur le terrain reflètent cette hausse. À Montréal, Jean-Luc Mélenchon est ainsi arrivé en tête, devançant Emmanuel Macron de trois points (34,88 % – 31,85 %), une inversion des résultats par rapport à il y a cinq ans. Le candidat de l’Union Populaire a également récolté une grande partie des suffrages dans les pays du continent africain. 40,24 % des voix au Maroc sont allées vers lui, 55 % à Tanger où il est né. C’est ce même résultat de 55 % qu’il a obtenu chez le voisin algérien. Il est également en tête auprès des Français du Cap Vert, de Guinée-Bissau et du Sénégal.
Cette progression unique auprès de l’électorat particulier des Français de l’étranger est au moins en partie attribuable au programme du candidat. L’Avenir en Commun était en effet l’un des rares programmes (si ce n’est le seul) qui ait abordé frontalement la question des Français de l’étranger, notamment en évoquant l’enjeu de la pleine intégration de ceux-ci à la citoyenneté française. Plusieurs livrets traitant de la politique internationale ou de la francophonie ont également été diffusés. Les thématiques sociale et environnementale portées lors de la campagne ont également su trouver une résonnance à l’heure du choix, étant le seul candidat de gauche en capacité de passer au deuxième tour.
Une victoire en trompe-l’œil et une défaite silencieuse
Placé en première position par les électeurs pour la deuxième fois consécutive, Emmanuel Macron récolte 45,09 % des suffrages exprimés. Une progression de près de cinq points en un quinquennat (40,40 % en 2017). Mais qui cache une autre réalité : le président sortant a surtout maintenu le socle qui l’avait désigné en 2017. De 223 879 bulletins en 2017, il est passé à 224 957 en 2022. Une progression rachitique de 1 078 voix. Et ce malgré l’absence d’un candidat des Républicains apprécié. En 2017, François Fillon avait rassemblé 145 829 votants soit 26,32 % des voix. Ainsi, malgré de bons résultats dans les bureaux de vote consulaires, son succès résulte plutôt d’un échec : une mobilisation des Français de l’étranger en berne.
Le véritable vainqueur des Français de l’étranger est l’abstention. 1 435 746 électeurs sont inscrits sur les listes électorales de l’étranger et seulement 35,12 % se sont déplacé pour voter. Un chiffre en chute libre par rapport à 2017 avec une différence de 10 points. 44,28 % des personnes avaient alors déposé un bulletin. Si Mélenchon a réussi à gagner plus de 20 000 voix en cinq ans, les autres candidats ont eu un plus grand mal à toucher de nouveaux électeurs. Une part croissante des Français de l’étranger expriment un désintérêt vis-à-vis de la politique hexagonale. S’ajoute à cela les difficultés pour accéder à un bureau de vote, une barrière à laquelle se sont ajoutées les restrictions de déplacement liées au Covid. Les Français de Shangaï n’ont ainsi pas pu aller voter, confinement des autorités locales oblige.
À noter enfin que c’est Éric Zemmour qui a récupéré une partie des voix de la droite et de l’extrême droite en terminant troisième avec 8,67 % des voix. Il finit premier des bureaux de vote d’Israël, de Russie et de Thaïlande, ses propos xénophobes, sexistes et racistes ayant convaincu 43 252 électeurs. Un score important, supérieur à celui de Marine Le Pen en 2017 avec ses 35 926 bulletins. Elle avait alors terminé à la cinquième place. Comme cette année, mais avec près de 10 000 voix en moins (5,29 %). Devant elle, l’on retrouve Yannick Jadot (8,17 %). Et sous la barre des 5 % se dressent le reste des candidats : Valérie Pécresse (4,20 %), Anne Hidalgo (2,50 %), Nicolas Dupont-Aignan (1,42 %), Jean Lassalle (1,20 %), Fabien Roussel (0,65 %), Philippe Poutou (0,63 %) et Nathalie Arthaud (0,26 %).