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✊ États-Unis : 8 500 salariés d’Amazon se battent pour créer un syndicat

Les salariés du site Amazon de Bessemer se sont mobilisés et ont réussi à monter un syndicat. Une lutte victorieuse malgré toutes les tentatives de dissuasion mises en place par la direction. Cet article publié dans L'Humanité revient sur les différentes étapes qui ont mené à cette victoire importante et encore trop singulière chez le géant de la vente en ligne qui voit régulièrement ses techniques de management contestées par les acteurs politiques, notamment l'eurodéputée insoumise Leïla Chaibi qui alerte régulièrement sur les conditions de travail des employés du géant américain.

Cet article a initialement été publié dans l'Humanité, le 8 février 2021

«Je pense qu’il s’agit de la plus importante élection syndicale depuis des années. Nous ne parlons pas d’une simple compagnie, mais d’Amazon. » À partir de ce matin, les 5 800 salariés du site de Bessemer (Alabama) votent pour la création d’une section syndicale affiliée au RWDSU (Retail, Wholesale and Department Store Union). Son président, Stuart Appelbaum, situe donc ainsi l’enjeu : « La plus importante élection syndicale depuis des années ». La firme créée par Jeff Bezos, dont la valorisation boursière a explosé avec la pandémie, n’a jamais dérogé à sa position antisyndicale. Elle pensait ainsi être bien au chaud en ouvrant un entrepôt en mars 2020 à Bessemer, dans la banlieue de Birmingham, la plus grande ville de l’Alabama, connue dans les années 1960 comme la « ville la plus ségréguée des États-Unis » : l’État, en plein cœur du Sud profond, est dominé par des républicains ultraconservateurs qui en ont fait un bastion « right to work », c’est-à-dire avec le moins de régulations sociales possible.

Le mastodonte de Seattle avait procédé comme à l’ordinaire, entre arguments massues, petits cadeaux et appétissantes carottes. Soit dans l’ordre : une promesse de 315 millions d’investissements et des milliers d’emplois, un don de 10 000 dollars au lycée de la ville afin de créer un programme scientifique et une embauche à 15 dollars minimum de l’heure accompagnée d’une protection sociale et de stock-options. Amazon a d’autant plus senti le vent social tourner aux États-Unis, depuis une petite décennie, que son quartier général est situé dans la ville de Seattle, pionnière dans la mise en œuvre du salaire minimum à 15 dollars. Le mouvement était parti des fast-foods new-yorkais à l’automne 2012. « On l’oublie un peu mais notre mot d’ordre était double : 15 dollars et un syndicat », tient à rappeler Jorel Ware, l’un des premiers grévistes. Amazon a vite compris que, dans un contexte de rejet grandissant du creusement des inégalités, elle n’échapperait pas au doublement du salaire minimum.

Elle a donc fait mine de prendre les devants. Tout, sauf un syndicat : telle est la devise (à peine) cachée d’Amazon. Au cœur de l’Alabama, personne n’avait rien trouvé à y redire, ni le maire démocrate africain-américain de Bessemer, ni le gouverneur blanc républicain de l’État, chacun y allant de son « petit » cadeau : 3,3 millions de dollars de fonds publics pour le premier, 41,7 millions d’exemptions fiscales pour le second.

Patatras : deux mois après l’ouverture en fanfare du « fulfillment center » (centre de gestion des commandes), terme plus moderne que « warehouse » (entrepôt) qui sonne trop révolution industrielle et XIXe siècle, des salariés prennent contact avec le RWDSU (67 000 membres). Pour la plupart, ils sont africains-américains et participent au mouvement de protestation après l’assassinat de George Floyd. Ils refusent les cadences infernales imposées par la direction du site. La législation américaine impose un vote majoritaire des salariés afin de créer une section syndicale. Dès le mois d’août, des « organizers » commencent à faire signer une pétition. Le mois suivant, un site Internet est créé avec informations et arguments. En octobre, permanents syndicaux et salariés de l’usine voisine d’abattage de volailles se présentent aux portes de l’entrepôt afin de distribuer des tracts.

Vous pouvez lire l’article en intégralité sur Présidentielles Américaines

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Marina Mesure

Syndicalisme international

Marina Mesure is a specialist of social issues. She has worked for several years with organizations defending workers’ rights such as the European Federation of Building and Wood Workers.

She has campaigned against child labor with the International Labor Organization, against social dumping and the criminalization of unionism. As a famous figure in the international trade union world, she considers that the principle of “equal work, equal pay « remain revolutionary: between women and men, between posted and domestic workers, between foreigners and nationals ».

Marina Mesure, especialista en asuntos sociales, ha trabajado durante varios años con organizaciones de derechos de los trabajadores como la Federación Europea de Trabajadores de la Construcción y la Madera.

Llevo varias campañas contra el trabajo infantil con la Organización Internacional del Trabajo, contra el dumping social, y la criminalización del sindicalismo. Es una figura reconocida en el mundo sindical internacional. Considera que el principio de « igual trabajo, igual salario » sigue siendo revolucionario: entre mujeres y hombres, entre trabajadores desplazados y domésticos, entre extranjeros y nacionales « .

Spécialiste des questions sociales, Marina Mesure travaille depuis plusieurs années auprès d’organisations de défense des droits des travailleurs comme la Fédération Européenne des travailleurs du Bâtiment et du Bois.

Elle a mené des campagnes contre le travail des enfants avec l’Organisation internationale du travail, contre le dumping social, la criminalisation du syndicalisme. Figure reconnue dans le monde syndical international, elle considère que le principe de « travail égal, salaire égal » est toujours aussi révolutionnaire : entre les femmes et les hommes, entre les travailleurs détachés et domestiques, entre étrangers et nationaux ».

Sophia Chikirou

Directrice de la publication

Sophia Chikirou is the publisher of Le Monde en commun. Columnist, director of a documentary on the lawfare, she also founded several media such as Le Média TV and the web radio Les Jours Heureux.

Communications advisor and political activist, she has worked and campaigned in several countries. From Ecuador to Spain, via the United States, Mexico, Colombia, but also Mauritania, she has intervened with progressive and humanist movements during presidential or legislative campaigns.

In 2007, she published Ma France laïque (La Martinière Editions).

Sophia Chikirou es directora de la publicación de Le Monde en commun. Columnista, directora de un documental sobre el lawfare, también fundó varios medios de comunicación tal como Le Média TV y la radio web Les Jours Heureux.

Asesora de comunicacion y activista política, ha trabajado y realizado campañas en varios países. Desde Ecuador hasta España, pasando por Estados Unidos, México, Colombia, pero también Mauritania, intervino con movimientos progresistas y humanistas durante campañas presidenciales o legislativas.

En 2007, publicó Ma France laïque por Edicion La Martinière.

Sophia Chikirou est directrice de la publication du Monde en commun. Editorialiste, réalisatrice d’un documentaire sur le lawfare, elle a aussi fondé plusieurs médias comme Le Média TV et la web radio Les Jours Heureux.

Conseillère en communication et militante politique, elle a exercé et milité dans plusieurs pays. De l’Equateur à l’Espagne, en passant par les Etats-Unis, le Mexique, la Colombie, mais aussi la Mauritanie, elle est intervenue auprès de mouvements progressistes et humanistes lors de campagnes présidentielles ou législatives.

En 2007, elle publiait Ma France laïque aux éditions La Martinière.

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