Luis Arce a été investi le dimanche 8 novembre 2020, en présence de nombreux responsables politiques et syndicaux du monde entier. Il avait obtenu 55% des suffrages dès le premier tour des élections présidentielles, le 18 octobre 2020. Cette investiture vient clore la parenthèse Jeanine Áñez.
Cette putschiste habituée des déclarations racistes avait pris le pouvoir suite au coup d’État qui chassa Evo Morales du pouvoir, le 10 novembre 2019. Elle est aujourd’hui traduite en justice avec plusieurs anciens ministres : les manifestations qui suivirent le coup d’État avaient été marquées par la mort d’une trentaine de manifestants, la plupart atteints par des balles des forces de l’ordre et de l’armée. Selon un rapport de la Commission interaméricaine des droits humains, 35 manifestants avaient perdu la vie. Jeanine Áñez devra notamment rendre compte devant la justice de la signature du décret suprême 4078 qui autorisait les forces armées à mener des opérations de rétablissement de l’ordre public pour lesquelles les militaires étaient exemptés de toute forme de responsabilité pénale.
Les journées qui ont précédé l’investiture n’ont pas été exemptes de violences. Dans un statut Facebook, la députée insoumise Mathilde Panot rapporte qu’un « attentat raté hier contre le président bolivien légitimement élu ne nous fait pas perdre de vue ce qu’est la réalité de l’extrême droite où qu’elle soit. L’investiture continue ce dimanche malgré les intimidations. Nous y serons présents avec la délégation que je conduis ». Aussi, même déchue l’extrême-droite qui a réprimé les opposants politiques pendant un an continue à tenter d’intimider voire de tuer les membres des forces du progrès.
Cette parenthèse est désormais refermée. Le peuple bolivien avait largement plébiscité le Mouvement vers le socialisme (MAS) et son candidat Luis Arce, lors du scrutin présidentiel.
L’investiture de Luis Arce en Bolivie a aussi été l’occasion de réunir les forces progressistes du monde entier pour échanger et aller de l’avant à l’échelle internationale. De cette rencontre a émergé la déclaration de La Paz. Elle est à l’initiative du vice-président espagnol Pablo Iglesias. Ce dernier alerte sur le danger croissant des méthodes antidémocratiques de l’extrême-droite à travers le monde. Vous trouverez ci-dessous une traduction en français de cette déclaration qui a été signée par Jean-Luc Mélenchon, Président du groupe parlementaire La France insoumise :
Déclaration de La Paz : Pour la défense de la démocratie
La crise liée à la grave pandémie qui frappe l’humanité a mis en évidence les principales faiblesses de nos formes d’organisation sociale : la fragilité des systèmes de santé et des services publics ; l’érosion, à la suite de décennies de néolibéralisme, des mécanismes de protection sociale dont disposent les États ; la précarité sociale, économique et écologique des modèles dominants extractivistes pour le profit exclusif des entreprises ; et, avec une intensité particulièrement inquiétante, les dangers qui pèsent sur les systèmes démocratiques dans le monde entier.
Aujourd’hui, la démocratie est menacée, et il suffit d’analyser les événements politiques de ces derniers mois en Bolivie, pays hôte de cette déclaration, pour constater que la principale menace qui pèse sur la démocratie et la paix sociale au XXIe siècle est celle du putschisme de l’extrême-droite.
Une extrême-droite qui s’étend dans le monde entier, qui répand le mensonge et la diffamation systématique des adversaires comme instruments politiques, faisant appel à la persécution et à la violence politique dans différents pays. Elle favorise les déstabilisations et les formes non démocratiques d’accès au pouvoir.
Son action antidémocratique est renforcée partout où elle trouve à son service des pouvoirs médiatiques qui, accumulant un immense pouvoir d’influence, cherchent à manipuler et à contrôler les démocraties pour défendre leurs intérêts politiques et économiques.
Réunis à La Paz à l’occasion de l’investiture de Luis Arce comme président de l’État plurinational de Bolivie, pays devenu une référence internationale pour la réponse des citoyens au coup d’État, les signataires de cette déclaration, dirigeants, anciens présidents et leaders progressistes de nos pays respectifs d’Amérique latine et d’Europe, affirmons notre engagement historique à travailler ensemble pour la défense de la démocratie, de la paix, des droits de l’homme et de la justice sociale face à la menace que représente le putschisme de l’extrême-droite.
La Paz, 8 novembre 2020
Signataires :
Evo Morales et Luis Arce (Bolivie)
Alberto Fernández (Argentine)
José Luis Rodríguez Zapatero et Pablo Iglesias (Espagne)
Dilma Rousseff (Brésil)
Rafael Correa et Andrés Arauz (Équateur)
Alexis Tsipras (Grèce)
Daniel Jadue (Chili)
Gustavo Petro (Colombie)
Verónika Mendoza (Pérou)
Jean-Luc Mélenchon (France)
Catarina Martins (Portugal)
La France insoumise représenté par Mathilde Panot
Pour représenter la France insoumise, la députée et vice-présidente du groupe Mathilde Panot s’est rendue en Bolivie, avec notamment Christian Rodriguez, rédacteur pour le Monde en commun, sur invitation de la présidence du pays. Elle est revenue en images et en vidéos sur son voyage, sous le signe de l’écologie et de la révolution citoyenne. Elle s’est notamment rendue sur le lac Titicaca, « une des plus grandes réserves d’eau naturelle d’Amérique latine » dont la pollution impacte directement les écosystèmes et la population.
Dans une vidéo, Mathilde Panot indique qu’après plusieurs mois de violence de la part de l’extrême-droite et des militaires, « le peuple a repris son destin en main », de manière pacifique. Elle poursuit : « c’est une leçon que vient de nous donner le peuple bolivien » grâce à sa résistance pacifique.
Vous pourrez retrouver quelques uns de ses tweets ci-dessous :
Le retour de l’ancien président en exil
La date du 9 novembre 2020 est quant à elle celle du retour d’Evo Morales (président entre 2006 et 2019) en Bolivie, après un an en exil. Il est revenu en Bolivie depuis l’Argentine. Il a effectué un périple de trois jours, parcourant 1 000 km, au cours duquel il a retrouvé son peuple. Il a rejoint Chimoré, dans le département de Cochabamba. Il a déclaré : « nous sommes la Grande Patrie, un peuple au sein duquel nous travaillons en solidarité mais aussi en complémentarité ». Evo Morales a également remercié le chef d’État argentin Alberto Fernandez qui lui accordé l’asile politique et l’avait ainsi mis à l’abri des visées meurtrières du régime putchiste.
Cet événement exceptionnel a été largement relaté par la presse latino-américaine.
On peut déplorer l’attitude des médias européens, particulièrement français, qui ont fait le choix d’ignorer ce moment. Un moment qui ne correspond pas à l’agenda politique des libéraux autoritaires… Emmanuel Macron, le Président français, concède la « victoire incontestable » à Luis Arce mais aucun ministre n’a fait le déplacement. Seuls l’ambassadeur français et la députée Mathilde Panot, ont représenté la patrie des Lumières.