Si le pessimisme économique n’avait pas atteint tous les Français, l’annonce ce 10 juin des perspectives économiques de l’Organisation pour la coopération et le développement économiques (OCDE) devrait mettre tout le monde d’accord. Même les plus optimistes. L’organisation prévoit pour 2020 la pire récession depuis près d’un siècle, les périodes de guerre mises à part.
Et comme une «bonne» nouvelle ne vient jamais seule, parmi tous les membres de l’OCDE, c’est la France qui va être le plus impactée par cette récession. En effet, le pays devrait enregistrer une contraction vertigineuse de son produit intérieur brut (PIB), qui va se situer entre 11,4% et 14,1% en 2020. Comment cela va-t-il se matérialiser?
«Concrètement, cela signifie qu’il va y avoir des destructions d’emplois, puisque le PIB, qui est un indicateur critiqué à tort, se contracte. Il y a des entreprises qui sont d’ores et déjà en train de réduire le nombre d’emplois. Et de fait, il y aura moins de revenus.
Les trois axes par lesquels on peut calculer le PIB sont en baisse, à savoir: la production, la demande et les revenus. Et ceux-ci sont étroitement liés», souligne Christophe Ramaux, chercheur au Centre d’économie de la Sorbonne et membre des Économistes atterrés, au micro de Sputnik France.
La France est particulièrement en danger, car «ses avantages comparatifs se situent dans des secteurs parmi les plus touchés par la crise, comme le transport aérien, le tourisme ou même le luxe, explique Daniel Cohen, directeur du département d’économie de l’École normale supérieure, dans les colonnes du Monde. Et l’Hexagone n’a pas eu d’autre solution que le confinement massif, contrairement à l’Allemagne, qui s’était préparée plus tôt à la pandémie.»
Accroissement des inégalités, chômage…
En effet, L’OCDE souligne que les «services ont été plus touchés que l’industrie», particulièrement dans les secteurs de l’hôtellerie, du tourisme et des loisirs. L’aide la plus importante que l’État a promis d’apporter à ces secteurs n’est d’ailleurs pas anodine de ce point de vue. Quelles conséquences cela va-t-il avoir sur le quotidien des Français? Selon Christophe Ramaux, ce sont les plus précaires qui vont payer la note.
«Tout cela va être très inégalitairement réparti. Il n’aura échappé à personne que le chômage a explosé, et si c’est le cas, c’est surtout parce que les entreprises qui avaient des emplois temporaires (CDD, intérimaires…) n’ont pas renouvelé leurs contrats. Ceux qui ont trinqué ces dernières semaines, ce ne sont pas les salariés en place, mais les emplois précaires.
Ceux dont les revenus baissent ou risquent de baisser durant cette crise, ce sont les plus fragiles: emplois précaires, autoentrepreneurs, indépendants… Beaucoup moins les cadres supérieurs, qui ont vu leurs salaires maintenus en bossant en télétravail à la campagne.»
Et si d’autres pays de l’OCDE sont «moins» touchés, l’impact sur leurs économies risque tout de même d’être violent. Pour la zone euro, la contraction devrait être de 9,1% cette année, suivie d’une reprise de 6,5% l’année suivante. Aux États-Unis, la contraction du PIB sera de 7,3% en 2020, avant un rebond de 4,1% en 2021. À l’échelle mondiale, cette récession serait de l’ordre de 6%, et ces chiffres ne prennent pas en compte la possibilité d’une deuxième vague épidémique.