Dans une lettre émouvante, Bertrand Zibi en appelle à la représentante de l’Union européenne au Gabon, Rosario Binto Paris, à Joe Biden, Emmanuel Macron ou encore Amnesty International pour demander sa libération.
L’ancien député gabonais est emprisonné depuis 2016, il est poursuivi pour détention illégale d’arme à feu, instigation aux violences et voie de fait. Il dément toutes les accusations et alerte sur ses conditions de détention inhumaine.
Selon Bertrand Zibi Abeghe, les accusations à son encontre sont d’ordre politique et son procès correspond à l’instrumentalisation de la justice à des fins politiques. L’ancien député avait en effet dénoncé, lors d’un discours qui avait surpris l’auditoire et les commentateurs, la gabegie financière du Gabon alors que la même famille gouvernait le pays depuis près d’un demi siècle.
Le 31 août 2016, suite à des élections tendues et contestées, Libreville avait été le théâtre de soulèvements pour dénoncer la fraude. Zibi a été arrêté à l’issue de cette soirée, tandis qu’il se trouvait dans le QG de l’opposition.
Extrait de la lettre de Bertrand Zibi Abeghe :
J’ai été immédiatement torturé afin que j’avoue un supposé complot de coup d’état, une véritable machination monté de toute pièce. D’après leur scénario, j’aurai réuni à mon domicile cinq généraux des forces de Défense et neuf individus. Des bandits instrumentalisés par eux-mêmes à qui j’aurai remis des armes de guerre et des uniformes militaires. Les procès verbaux de cette infamie avait déjà été écrit au préalable. Mon refus d’accepter cette histoire nauséabonde m’a valu d’atroces tortures. Les neufs bandits criminels, instrumentalisés m’accusaient tous.
Tous les faux procès-verbaux étaient préalablement écrits et, il ne restait que mes aveux et ma signature. Suite à mon refus catégorique de reconnaître cette infamie et signé le procès-verbal, j’ai été gardé dans une cellule qui était en fait une fosse septique. Ce projet de coup d’Etat n’a pas prospéré par ce que les dates mentionnes correspondaient à mon voyage en France et aux USA. Je n’étais pas au Gabon et malgré mon innocence, j’ai subi les pires tortures. Ensuite, j’ai été accusé d’une deuxième histoire aussi invraisemblable. Un bandit notamment connu des milieux judiciaires au Gabon a été instrumentalisé par le pouvoir en place pour m’accuser du fameux coup d’Etat que j’aurai orchestré avec des criminels.
« Suite à mes différents refus de faire partie d’un quelconque gouvernement, mes conditions en milieu carcéral se sont durcies. Est-ce une obligation de faire partie du Gouvernement ?
Pour ma part je ne désire qu’une seule chose : que justice soit rendue et que je retrouve ma liberté et ma vie.
Aussi d’importantes sommes d’argent me sont proposées. Non merci cet argent appartient au peuple gabonais. Il en a plus besoin que moi.
Excellence Madame l’Ambassadrice, vous êtes une femme de conviction, une femme dotée d’un courage exemplaire, une femme d’un charisme et qui a un sens élevé de l’honneur je sais que vous craignez Dieu et surtout que vous êtes contre toute formes d’injustice et de dictatures.
Vous êtes issue d’une noble famille, qui a su résister à la dictature cruellement sanguinaire du despote Franco, qui avait été un dictateur sans cœur. C’est pour cette raison que je garde espoir que vous ne m’abandonnerai pas, dans les griffes de cette dictature sanguinaire et que vous ferez tout ce qui est de votre possible pour me sortir de prison.
L’Union Européenne et la Communauté Internationale doivent m’aider. Je suis innocent l’Union Européenne doit aider le Gabon.
L’ancien député sollicite aujourd’hui le soutien de la communauté internationale pour plaider sa libération. Le pays fait face à une vacance du pouvoir depuis plusieurs années maintenant, le président Bongo ayant fait un AVC en octobre 2018. Son état de santé est gardé secret et le pays enchaine les remaniements ministériels, sur fond d’opposition réduite au silence et de président fantôme.