Si la communauté internationale semble ainsi soucieuse de montrer son soutien au peuple palestinien, l’ironie veut qu’elle n’ait jamais eu l’air aussi impuissante à le défendre face aux agissements du gouvernement et des colons israéliens.
Les derniers événements à Jénine en sont une illustration frappante. En effet, l’ONG Al Haq souligne sur les réseaux sociaux que « ce qui se passe à Jénine expose l’échec délibéré de la communauté internationale à tenir Israël responsable des violations systématiques contre le peuple palestinien depuis la Nakba. 75 ans plus tard, les Palestiniens continuent de subir l’injustice, avec leurs droits, leur dignité et leur vie en jeu. »
Ce qui s’est passé à Jénine, c’est l’invasion du camp de réfugiés le 3 juillet 2023, accompagné des premiers bombardements aériens depuis 20 ans, soit depuis la seconde Intifada. Le 5 juillet, on recense 12 morts, près de 150 blessés, dont 20 grièvement, et près de 3500 déplacés, dont de nombreux enfants. À l’intérieur du camp, les maisons et infrastructures ont été massivement détruites.
Ces bombardements aériens n’ont jamais cessé à Gaza, depuis le retrait israélien de ses colonies en 2005 et le blocus total subi par le territoire. Cette différence, adjointe à une séparation géographique et à la rivalité entre le Fatah et le Hamas, a longtemps contribué à marginaliser Gaza.
Amjad Iraqi, rédacteur en chef du magazine +972 et analyste politique au sein du groupe de réflexion Al-Shabaka, voit dans ce nouvel assaut contre Jénine une tentative de « gazaouisation » d’un territoire perçu comme un repère de terroristes.
C’est ce que souligne également Inès Abdel Razek, directrice exécutive de Palestine Institute for Public Diplomacy. La tragédie traversée par Jénine résume selon elle la stratégie coloniale israélienne, qui consiste à « contrôler un maximum de terres avec le minimum de Palestiniens », et qui pour cela se permet de « détruire, séparer, isoler, pousser à l’exil ». Elle voit également dans ces événements une tentative de diversion des autorités israéliennes pour faire oublier les « agressions inouïes » menées quelques jours plus tôt par des colons à l’encontre de Palestiniens de Cisjordanie, qui avaient embarrassé les dirigeants israéliens eux-mêmes.
L’AJPF (Association pour les jumelages entre camps de réfugiés palestiniens et villes françaises) témoigne que ces agressions se poursuivent : « Nous avons constaté de nos yeux des maisons brûlées et des familles expulsées, notamment dans le village de Tur Musaya, où nous nous sommes rendu∙es. » Elle témoigne aussi de plusieurs actes de « solidarité avec les événements qui ont lieu à Jénine », qu’il s’agisse de la mise « à l’arrêt » de la ville de Ramallah ou de l’organisation de manifestations à Jérusalem et à Tel Aviv par l’association israélienne Standing Together.
De ce point de vue, la France se montre plutôt muette. Tout juste le consulat de France à Jérusalem a-t-il exprimé son « inquiétude ». Plus encore, on apprend en parallèle que le ministère de l’Intérieur a envoyé un fax à destination du chef de la police israélienne pour un partage d’expérience sur « la gestion des manifestations », ce qui avait déjà été le cas lors des précédentes émeutes, en 2005. Tout un programme…
Pour comprendre les raisons de la défaite cuisante de Kamala Harris face à Donald Trump, nous vous proposons une traduction des principaux passages d’un article de Nathan James Robinson, journaliste anglo-américain fondateur en 2015 de la revue de gauche Current Affairs. Extraits traduits par Nathalie Oziol, députée LFI-NFP membre de la Commission des affaires étrangères