La criminalisation de la cause palestinienne est un phénomène qu’on observe dans plusieurs pays du monde occidental. Outre la France de Macron, les États-Unis sont emblématiques de cette dérive. Dans un pays où les libertés politiques sont consacrées voire sacralisées, au point ou les discours de haine archaïques sont protégés par la constitution, la limite à la liberté totale aura donc été donc la défense de la cause palestinienne.
D’origine palestinienne, première membre du Congrès musulmane aux États-Unis, Rashida Tlaib a, avec son parti Democratic Socialists of America (DSA), vivement dénoncé la répression des voix de la paix dans les universités américaines. « Des milliers d’étudiants de tout le pays subissent des représailles pour avoir utilisé leurs droits constitutionnels pour protester contre le génocide. C’est épouvantable ! » Affilié aux démocrates, le DSA incarne l’aile gauche du parti de Joe Biden. Lors de son déplacement aux États-Unis, Mathilde Panot a d’ailleurs participé à un meeting avec la branche New-Yorkaise des socialistes américains aux côtés de l’ONG Jewish Voice for Peace (les voix juives pour la paix), pour appeler à la paix et à un cessez-le-feu permanent à Gaza. Ines* Engagée à DSA et étudiante à Columbia, témoigne. « Les médias essayent de faire croire que nous sommes minoritaires, mais en réalité, c’est un mouvement de masse qu’on observe, et c’est inédit ! La grande majorité des étudiants sont tous scandalisés par le génocide à Gaza, et on sait que notre gouvernement fait tout pour aider Israel. » témoigne l’étudiante pour Le Monde en Commun.
Cette mobilisation pour la Palestine est d’une ampleur inédite aux États-Unis, pays où l’alliance inconditionnelle avec Israël fait depuis les années 1960 consensus sur le tout le spectre politique, des démocrates aux républicains. Des centaines de milliers de jeunes se sont mobilisés dans les rues et dans les universités. Isciane Magré est à l’Institut français de géopolitique et travaille sur la mobilisation de la diaspora palestinienne à New-York depuis le 7 octobre. Dans le cadre de ses recherches, elle est partie sur place et elle nous parle d’un ralliement de masse. « Ce sont des manifestations beaucoup plus régulières. Il y’à trois ou quatre événements pour la Palestine tous les jours à New-York, avec une diversité d’actions : veillés, meetings, caritatifs, conférence : il y’à de tout et cela montre l’ampleur du mouvement. On voit beaucoup ce qui se passe à New-York University et à Columbia mais c’est chaque Fac qui à une antenne de Students for Justice in Palestine et ce n’est pas un mouvement exclusivement jeune » Une vingtaine de campus américains sont occupés par des militants Palestiniens poussant les gouvernements fédéraux à prendre des mesures en plus répressives : des images de professeurs et d’étudiants agressés s’ajoutent au centaine d’arrestations arbitraires dans chaque université. Pour la première fois de l’histoire des États-Unis, 56 membres du Congrès ont demandé à Joe Biden de conditionner la vente d’armes à Israël. Un message que le président étatsunien n’a initialement pas entendu, en expédiant une livraison d’armes en urgence à Tel-Aviv au lendemain de la riposte iranienne. La question des ventes d’armes à Israël a provoqué une crise interne dans sa majorité. Mais le chemin reste long, comme en Europe.
En Allemagne, « Quels que soit les crimes d’Israël, la raison d’État l’emporte. On ne parle pas de Gaza. Gaza est complètement étouffé, moi je n’ose même pas parler au boulot parce que j’ai peur de perdre mon emploi » témoigne une militante LFI pour Le Monde en Commun, résidente en Allemagne, qui préfère garder l’anonymat. Et ce n’est pas sans raison : en Fevrier, le professeur australo-libanais d’anthropologie Ghassan Hage à été démis de ses fonctions par l’institut de recherche allemande Max Planck aprés avoir condamné le génocide en cours à Gaza. Un phénomène qui se généralise dans les cercles universitaires et artistiques en Allemagne, ou les voix palestiniennes sont étouffées par la censure. L’organisation juive Jüdische Stimme, qui milite contre l’apartheid en Israel, est réguliérement ciblée par des descentes de policiers, des interdictions d’événements, et récemment un blocage de ses fonds. « La jeunesse est clivée : d’un côté, ceux qui viennent des milieux très engagés et/ou de communautés racisées sont mobilisés, mais beaucoup de jeunes sont encore influencés par les médias et par le discours pro-Israël ambiant » analyse la militante de la France Insoumise.
Un motif d’espoir vient peut-être de Paris, avec la mobilisation dans les universités, déclenchée notamment par celle des étudiants de Science-Po le 27 avril pour demander à leur école de réexaminer les partenariats avec les universités israéliennes complices des crimes de l’État hébreu. Exemple : l’université hébraïque de Jérusalem, qui a bâti plusieurs campus appuyant la colonisation dans les territoires palestiniens occupés. En solidarité avec les étudiants de Science Po Paris qui occupent les locaux de l’université depuis le 25 avril, notre candidate aux européennes Rima Hassan s’est rendue sur place et à dénoncé « une pression politique contre les voix de la paix. » Après les provocations de milices d’extrême-droite, l’intervention de la police à pu être évitée grâce à la mobilisation des députés de la France Insoumise qui se sont interposés pour protéger les étudiants. En revanche la police est intervenue depuis dans plusieurs établissements, dont La Sorbonne.
*Le nom à été modifié pour protéger l’étudiante face aux risques de sanctions administratives.