Il y a des scènes qui ne trompent pas. La centaine de journalistes massés dans la salle Olympe de Gouges en ce 1er juin sont les marqueurs d’un engouement. Une dizaine d’entre eux viennent tout droit du Japon et se mêlent aux nombreux correspondant de tel ou tel titre à l’étranger. Ils viennent assister au meeting parisien de la Nupes qui est conclu par Jean-Luc Mélenchon. Un engouement médiatique inimaginable pour des législatives, et encore moins celles d’un pays où la place du président devrait être prépondérante. C’est que cette campagne législative intéresse, elle a tout les ingrédients d’une histoire croustillante, capable de renverser les sensations sur les papilles par ses multiples épices et rebondissements. Ce récit à suspense est donc relayé à l’étranger depuis son début il y a déjà deux mois avec plusieurs constantes.
Les grands absents
Mais où est donc passé l’extrême droite ? Qualifiée au deuxième tour de la présidentielle, Marine Le Pen est depuis passée sous les radars, invisibilisée et dans l’incapacité d’imposer ses thématiques comme le notait The Spectator le mois dernier. Du côté du polémiste d’extrême droite Éric Zemmour, c’est la même absence, ses appels répété à l’union de la droite n’auront pas suffit. Tout juste peut-il constater le succès de « l’union autour Jean-Luc Mélenchon et de l’islamo-gauchisme » tel que le relaye le Financial Times. Un seul rebond récent a eu lieu, suite au fiasco de la finale de la ligue des champions au Stade de France. Le quotidien britannique Metro détaille ainsi comment la désorganisation et le chaos qui ont marqué la soirée sur le parvis ont enfin permis au Rassemblement national et à Reconquête de dérouler un récit raciste sur le déroulé des événements, dénonçant les méfaits de l’immigration. Le titre de presse va même jusqu’à demander aux supporters de Liverpool de se méfier des marques de soutiens issues de comptes Twitter bariolés de drapeaux français ou usant d’un champ lexical nationaliste. Plus près de la macronie, c’est la survie de la droite historique qui est en jeu. Les Républicains est ainsi pris en tenaille entre des lignes politiques divergentes selon Le Soir, quotidien belge, qui se sont traduites par un score famélique à la présidentielle.
Duel au sommet
Pour l’espagnol República de las Ideas et le chilien La Tercera, c’est surtout un troisième tour qui ne dit pas son nom qui se déroule en France. La confrontation qui n’a jamais eu lieu pendant la présidentielle est enfin possible et Jean-Luc Mélenchon se pose comme un adversaire de taille capable de freiner l’ambition réformatrice et libéral d’Emmanuel Macron. D’ailleurs, de nombreux titres de presse comme The Week sont contraints d’expliquer le principe de la cohabitation. Un cours de droit constitutionnel rapide pour pleinement savourer les attaques verbales successives des deux côtés des bords politiques.
Cette impression de duel est d’ailleurs confirmée par les premiers résultats à notre disposition. En Polynésie française, ce sont les candidats soutenus par la majorité présidentielle et par la NUPES qui se sont qualifiés pour le deuxième tour. Une information qui serait restée anecdotique (la politique hexagonale ayant peu de prises sur le territoire) si elle ne s’était pas répétée quelques jours plus tard dans les 11 circonscriptions des Français de l’étranger. 10 duels sur les 11 se joueront entre les deux blocs.
L’occasion pour le Guardian de regarder plus en détail la course pour la diputation d’un ministre de l’Europe bousculé à Paris par Caroline Mecary, la candidate de la Nupes. Un comble alors que le Conseil de l’Union européenne est encore sous Présidence française. Rendez-vous donc à l’épisode deux dans une semaine.