325 708. C’est le nombre de Français de l’étranger qui ont déposé un bulletin à l’occasion de ce premier tour des législatives. Avec près de 1,5 million de personnes inscrites sur les listes consulaires, le taux de participation atteint le chiffre record de 22,51 %. Jamais autant de Français de l’étranger s’étaient exprimés aux législatives. En 2012, 20,7 % d’entre eux avaient voté. En 2017, ce chiffre baissait à 19,1 %. Toutefois cette hausse de la participation ne cache pas un taux d’abstention particulièrement élevé de 77, 49 %.
Ce chiffre s’explique par un certain désintérêt, également visible à la présidentielle. Il est venu s’ajouter aux barrières habituelles qui limitent les possibilités de voter de ce public particulier. Nombreux sont les électeurs qui sont obligés de parcourir plusieurs milliers de kilomètres pour pouvoir voter en personne où qui sont dans l’incapacité d’établir des procurations à cause de fermetures de postes consulaires habilités à traiter de telles demandes.
Des problèmes en cascade
Mais le cru 2022 a surtout été marqué par des échecs en cascade dans l’organisation. À commencer par le vote en ligne, maillon clé dans la hausse de la participation (76,94 % des suffrages ont été exprimés via le vote électronique). Dès le départ, les déconvenues se sont succédées. Une mise à jour opportunes des listes consulaires à 48 heures de l’ouverture de la plateforme de vote a ainsi marqué le début de la séquence. Les identifiants envoyés depuis le début de semaine sont devenus caduques, remplacés par de nouveaux.
Malgré cela, de nombreux Français de l’étranger ont assuré n’avoir jamais reçu de message sur leur boîte mail ou, au moment du vote, un SMS sur leur téléphone. Et un nouveau problème de taille a empêché pendant quatre jours le vote de 12 % de l’électorat : les adresses Yahoo et AOL ne recevaient pas au moment du vote le dernier code de vérification indispensable pour valider le choix du candidat. Ce n’est que la veille de la clôture de la période de vote en ligne qu’une solution à ce problème technique a été identifiée.
Ces personnes ont donc eu 24 heures pour voter. Sauf que l’accès à l’ensemble de la plateforme a été interrompu dans ces dernières heures cruciales. Pendant cinq heures, impossible de voter à quelques heures de la fin du délai. Une nouvelle difficulté sur laquelle le ministère des affaires étrangères a communiqué au minimum, alimentant la confusion des électeurs connectés.
Les autres modalités ne sont pas en reste. Bien que très marginal (0,4 % des voix exprimées) le vote par correspondance a également connu des difficultés dans la réception et dans l’envoi des enveloppes pour le vote. Ainsi, des délais particulièrement longs ont été recensés pour la voie postale. Un phénomène également visibilisé dans l’acheminement du matériel officiel de campagne. De nombreux bulletins manquaient à l’appel les 4 et 5 juin dans plusieurs bureaux de vote à l’ouverture de ceux-ci. C’était le cas en Bolivie notamment où le prestataire ministériel n’a pas réussi à les livrer à temps alors que les partis avaient respecté les délais accordés. De tels constat on été faits au Guatemala, au Laos ou en Thaïlande.
Percée de la gauche
L’accumulation de ces problèmes n’aura pas empiété sur la réussite indéniable de la Nouvelle Union Populaire écologique et sociale. La gauche renoue avec le même succès qu’en 2012, se qualifiant au deuxième tour dans 11 des 12 circonscriptions. Soit 5 circonscriptions supplémentaires par rapport à 2017. En nombre de voix, la Nupes termine à la deuxième place, derrière La République en Marche, mais avec une dynamique plus importante. Le résultats des Français de l’étranger annonce par ailleurs le duel à venir sur l’ensemble du territoire français entre la majorité sortante et les candidats de la Nupes.
Florence Roger, dans la première circonscription (Canada, États-Unis), Christian Rodriguez, deuxième circonscription (Amérique latine et Caraïbes), Charlotte Minvielle, troisième circonscription (Europe du Nord et îles Britanniques), Cecilia Gondard, quatrième circonscription (Benelux), Renaud Le Berre, cinquième circonscription (péninsule Ibérique), Magali Mangin, sixième circonscription (Suisse), Asma Rharmaoui-Claquin, septième circonscription (Europe de l’Est), Karim Ben Cheikh, neuvième circonscription (Maghreb et Afrique de l’Ouest), Chantal Moussa, dixième circonscription (Afrique et Moyen-Orient) et Dominique Vidal, onzième circonscription (Océanie, Asie, Europe du Caucase) sont tous qualifiés. Renaud Le Berre et Karim Ben Cheikh finissent même en tête du scrutin à l’issue du premier tour. Isabelle Rivolet, huitième circonscription (côte méditerranéenne allant de l’Italie à Israël) termine à la troisième place et ne parvient pas à se qualifier dans une circonscription tenue par l’UDI depuis 9 ans.
Un tel succès aurait été inimaginable sans un accord des partis de gauche comme celui de la Nupes. Il témoigne de la vague à venir dimanche prochain lorsque le reste des circonscriptions se rendront aux urnes. Du côté des Français de l’étranger, la campagne du second tour reprend déjà alors que le vote en ligne rouvrira le vendredi 10 jusqu’au mercredi 15 juin. Du côté du vote en présentiel, il aura lieu en même temps que sur le sol français, les 18 ou 19 juin.