Mercredi 1er juin, à midi, heure de Paris. Telle est la limite fixée par les autorités consulaires avant la fermeture du portail de vote en ligne. Ouvert depuis vendredi, c’est la deuxième fois que les Français de l’étranger ont la possibilité de voter par Internet. La dernière fois, c’était il y a dix ans, en 2012. La moitié des votants avaient alors opté pour le vote en ligne, le reste préférant le présentiel. En 2017, dans un contexte de cyberattaques et d’ingérences étrangères au référendum britannique sur le Brexit et à l’élection présidentielle états-unienne, le Quai d’Orsay avait préféré renoncer à la démarche.
Cette fois, les autorités françaises étaient prêtes à affronter les dangers venus de l’extérieur… au risque d’oublier l’interne. Ainsi, à 48 heures de l’ouverture du portail en ligne, le ministère des affaires étrangères a-t-il mis à jour ses listes consulaires. Invalidant par la même occasion l’ensemble des identifiants et mots de passe qu’il avait commencé à envoyer depuis le début de la semaine. Un premier couac rapidement suivi d’un nouveau, beaucoup plus grave alors que le vote s’ouvrait vendredi à midi : plusieurs électeurs ont fait remonter des difficultés dans la réception de mails de confirmation. Ces personnes utilisaient toutes les services de Yahoo ! (ou sa filiale Aol) pour leurs adresses mails.
Un phénomène loin d’être marginal : 12 % des électeurs sont potentiellement concernés d’après des messages du Quai d’Orsay. Du côté de la 11ème circonscription des Français de l’étranger, la plus grande de cette élection qui va de l’est de l’Europe à l’Océanie, c’est près de 7 000 adresses mails ( 7 %). Le ministère a enfin annoncé avoir réglé le problème dans la matinée du 31 mai. Soit 26 heures avant la fermeture de la plateforme de vote. Un problème qui ne devrait pas contribuer à réhausser la participation.
En tout cas, ce taux de participation ce matin s’élevait à 14,41 %, un chiffre qui cache de très fortes disparités selon les circonscriptions. La 9ème circonscription (Maghreb et Afrique de l’Ouest) est ainsi celle où la participation est la plus faible, ne dépassant pas les 7 % tandis que la 7ème (Europe de l’Est) dépasse les 20,60 %. Les Français de l’étranger ont jusqu’à demain pour exercer ce vote en ligne.
Et pour voter en pleine connaissance de cause, ils devront affronter le brouillage politique alimenté par les autorités. La manipulation de la circulaire d’attribution des nuances, dénoncée par les candidats de la Nouvelle Union Populaire écologique et sociale, n’a pas juste des conséquences cosmétiques. Les électeurs qui votent en ligne doivent en effet cocher une case dans laquelle cette mention NUPES ne figure pas dans la plupart des circonscriptions. C’est une information qu’ont relevé plusieurs candidats de la NUPES tels Florence Roger (1ère circonscription) ou Isabelle Rivolet (8ème circonscription) qui regrettent la confusion d’une telle décision.
Mais les Français disposent également d’une autre modalité de vote, qui traverse des problèmes dont l’ampleur est encore plus difficile à quantifier : le vote par correspondance. Plusieurs témoignages en ligne font état de retards dans la réception du matériel de ce vote par courrier, y compris dans des pays européens comme l’Espagne. Des scènes qui rappellent furieusement ce qui avait eu lieu à la présidentielle lorsque les professions de foi des candidats étaient arrivées avec un mois de retard – début mai – aux domiciles de Français de l’étranger, en Australie notamment.
Reste une possibilité qui devrait limiter les défis techniques et humains (à moins de devoir parcourir 1 800 kilomètres comme en Argentine) : le vote en présentiel (voire par procuration) qui reste possible dans les postes consulaires ce samedi 4 juin pour les circonscriptions 1 et 2 ou le dimanche 5 juin pour le reste du monde.