Deniz Poyraz, jeune femme kurde de 28 ans, membre du Parti démocratique des Peuples (HDP), a été assassinée jeudi 17 juin, par un fasciste turc au siège du parti à Izmir, dans l’ouest de la Turquie. Ce meurtre marque un point culminant dans les agressions contre le HDP et a suscité de nombreuses réactions dans le monde entier.
Le meurtrier est Onur Gencer, mercenaire turc de 27 ans formé en Syrie, qui entretient des relations avec le gouvernement islamo-nationaliste turc, selon les photographies publiées dans les médias après l’attentat. Les posts publiés par le meurtrier sur les réseaux sociaux montrent que l’agression avait été planifiée : le bourreau avait partagé sur Instagram des photos de lui tenant des armes de plusieurs calibres qu’il avait utilisées en Syrie où il combattait les Kurdes du Rojava.
Dans ses deux dernières publications, il disait que les Kurdes étaient « des rejetons d’Arméniens » et qu’il allait « leur faire vomir du sang ».
Après avoir pénétré dans le siège du HDP et avoir tiré sur Deniz Poyraz, l’agresseur a incendié les locaux, censés être surveillés par la police turque 24 heures sur 24. Arrêté par la police, l’homme a justifié son acte par sa « détestation du PKK », le Parti des travailleurs du Kurdistan.
Deuxième parti d’opposition du parlement turc, le HDP est la bête noire des autorités turques depuis des décennies, qui l’accusent d’être une menace à la sécurité nationale ainsi que la « vitrine politique » du PKK par le gouvernement qui tente de le faire interdire pour « activités terroristes ».
L’exécution de la jeune femme survient alors que 88 femmes kurdes ont déjà été tuées au cours des premiers mois de l’année 2021. Onur Gencer a commis le geste mais nous connaissons le coupable : violemment pris pour cible par la coalition nationalo-islamiste au pouvoir, le HDP est confronté au discours de haine des plus hauts responsables politiques. Les députés du HDP, ses maires et ses militants sont régulièrement arrêtés, jugés et emprisonnés. Son chef de file, Selahattin Demirtas, est en prison depuis 2016 en dépit des demandes de libération adressées à Ankara par la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH), qui juge sa détention illégale.
De nombreux camarades de lutte pour les droits humains autour du monde ont exprimé leur solidarité avec le HDP et les proches de la victime : Le groupe de gauche au Parlement européen a appelé l’UE à « s’élever contre la répression violente d’Erdogan » :
Un appel également partagé par Podemos, et Jean-Luc Mélenchon en France :
Nous repartageons ici les mots de l’ex président brésilien Lula qui s’était exprimé sur twitter contre l’extrême droite : « Le courage est l’antidote pour faire face à ces lâches. »