Pendant que la guerre rapporte gros à la France, les populations au Yémen paient cher. En mars dernier, le pays le plus pauvre du Proche-Orient est entré dans une septième année d’une guerre qui semble sans issue. Le conflit a déjà coûté la vie à 250 000 personnes, provoqué une pénurie alimentaire sans précédent et détruit un service de santé déjà fragile.
La situation humanitaire ne cesse de se détériorer, sous l’effet de l’escalade du conflit, de l’effondrement de la monnaie, d’une crise du carburant, et du Covid-19 auquel le pays n’échappe pas et qui aggrave la situation. Le Yémen souffrait déjà de la propagation du choléra (l’OMS depuis 2017 a recensé plus de 2,7 millions de cas suspects) accrue par les conditions de vies, le manque d’eau potable, d’infrastructures, de médicaments et d’équipements. La pandémie du coronavirus fait peser une toute nouvelle menace sur les yéménites : la fermeture des frontières, les restrictions de déplacements et de livraisons, ainsi que l’annulation de tous les vols en provenance et à destination du pays, compliquent le travail et l’acheminement de l’aide humanitaire.
75% des habitants ont besoin d’une forme d’aide pour survivre
Depuis 2015, l’action des ONG, dont Oxfam, au Yémen, consiste à venir en aide à un maximum de personnes et à dénoncer les ventes d’armes qui alimentent ce conflit meurtrier. En lien avec ses partenaires sur le terrain, Oxfam assure l’accès à l’eau potable au plus de personnes possibles, distribue des kits d’hygiène pour lutter contre la propagation de maladies et s’efforce d’atteindre les populations dans les zones les plus difficiles d’accès : distribution d’eau par camions citernes, réparation des points d’eau existants, constructions de toilettes et distribution d’argent direct, permettant de maintenir l’accès à la nourriture pour les plus démunis.
L’aide humanitaire est vitale pour des millions de gens mais elle se déroule de manière extrêmement difficiles : l’accès à l’aide et à la nourriture est non seulement entravé par les restrictions liées au Covid-19, mais surtout à cause du blocus maritime imposé par la coalition militaire dirigée par l’Arabie Saoudite… dont la France est complice.
Vente d’armes françaises à l’Arabie Saoudite : un mensonge d’État
En 2019, des révélations dans la presse avaient indiqué que des armes françaises auraient été utilisées par l’Arabie Saoudite dans le conflit au Yémen, alors que le gouvernement a toujours défendu le contraire.
En effet la France est un acteur clé dans ce conflit : depuis le début la guerre, elle a livré du matériel militaire à l’Arabie Saoudite et aux Émirats arabes unis, pour une valeur de plus de 7 milliards d’euros. D’autres états européens comme la Belgique, l’Italie, la Norvège ou les Pays-Bas ont annoncé des mesures visant à suspendre ou limiter leurs approvisionnements en armes. Même les États-Unis, les premiers fournisseurs d’armes dans le monde, ont suspendu temporairement leurs livraisons vers l’Arabie Saoudite en janvier 2021.
Le gouvernement français lui, continue à autoriser des transferts d’armes vers ces pays, malgré la preuve qu’ils commettent des violations du droit international humanitaire, malgré le manque de respect du Traité du Commerce d’armes, malgré la demande des ONG humanitaires et de la société française, et malgré l’interpellation de certains députés, comme l’insoumis Bastien Lachaud, qui intervient depuis 2018 à l’Assemblée pour dénoncer la responsabilité française dans cette guerre qui est un désastre pour les populations civiles.
La crise humanitaire au Yémen n’est pas le produit d’une catastrophe naturelle. Elle est le résultat de la guerre. Mobilisons-nous pour interpeller la communauté internationale et venir en aide aux populations. Médecins du monde et Oxfam sont sur place pour garantir l’accès aux produits de première nécessité au plus grand nombre.