C’est un phénomène souvent oublié, à l’ampleur minorée et pourtant bien réel : la majorité des déplacements de population sont internes à un pays. Les déplacés internes sont ainsi des personnes poussées ou forcées à quitter leur domicile tout en restant dans leur pays de résidence. Les données qui viennent d’être publiés par l’Observatoire des déplacements internes (IDMC), ONG reconnue sur la question, donnent froid dans le dos. D’après les chiffres 2021 de son Rapport mondial sur les déplacés internes (GRID), plus de 59,1 millions de personnes sont des déplacés internes, partout dans le monde. C’est plus du double de personnes qu’en 2012 (26,4 millions). Plus inquiétant encore, ce chiffre a grimpé de quatre millions en une année.
Plusieurs événements peuvent être à l’origine de ces déplacements : la volonté d’échapper aux conséquences d’un conflit armé, un milieu violent ou des violations répétées de droits humains, auxquels peuvent également s’ajouter des catastrophes naturelles provoquées par l’homme ou non. La majorité des déplacés actuels ont quitté leur domicile pour des raisons liées à un environnement violent. Mais en regardant dans le détail des personnes qui se sont effectivement déplacées l’année dernière (par opposition à celles qui résident loin de leur domicile depuis des années dans des camps pour réfugiés par exemple), c’est les déplacés climatiques qui deviennent majoritaires. 23,7 millions de déplacements liés à des conditions climatiques extrêmes ont été recensées en 2021 contre 14,4 millions pour ceux liés à des conflits. Les tempêtes et inondations sont les principaux phénomènes pointés du doigt.
La majorité des déplacés internes sont présents en Afrique et au Moyen-Orient. Il s’agit également du seul espace géographique où la violence est le premier facteur de déplacement. Partout ailleurs, ce sont les catastrophes naturelles qui arrivent en tête. En Chine, ce sont 6 millions de personnes qui ont ainsi dû se déplacer l’année dernière, souvent à cause de pluies diluviennes. Du côté de l’Amérique du Nord et en Europe, c’est des mouvements principalement attribuables aux feux de forêt massifs de l’été dernier qui ont entraîné l’apparition de déplacés internes, même si le phénomène reste marginal. Malgré tout, la puissance de ces phénomènes climatiques extrêmes ne cesse de se renforcer et un parallèle avec le changement climatique a été établi au vu de la fréquence grandissante de ceux-ci. Le nombre de déplacés internes ne devrait alors que se renforcer.