Le 5 octobre 2019, Yasaman Aryani, 24 ans, défenseure des droits des femmes, a été transférée de la section réservée aux femmes de la prison d’Evin à la section 2A qui se trouve sous le contrôle des Gardiens de la révolution. Le 6 octobre, lorsque des membres de sa famille se sont rendus à la prison pour une visite programmée, on les a informés qu’elle avait été transférée la veille au soir et qu’ils n’avaient pas la permission de la voir. Depuis lors, malgré leurs demandes répétées, on a refusé de leur communiquer le moindre élément justifiant ce transfert. Généralement, les personnes détenues dans la section 2A sont placées à l’isolement et soumises à des interrogatoires par les Gardiens de la révolution ; elles se voient refuser tout contact avec des avocats et subissent des actes de torture et d’autres mauvais traitements. Yasaman Aryani est détenue au secret et risque d’être soumise à des actes de torture et d’autres mauvais traitements.
Yasaman Aryani a été arrêtée en avril 2019 avec sa mère, Monireh Arabshahi, et Mojgan Keshavarz. Ces trois défenseures des droits des femmes ont été arrêtées suite à la diffusion d’une vidéo largement relayée sur les réseaux sociaux à l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes, le 8 mars 2019, dans laquelle on les voyait faire campagne de manière pacifique contre les lois iraniennes imposant le port du voile en distribuant des fleurs à des femmes dans un wagon de train à Téhéran, tête découverte. Suite à leur arrestation, elles ont été placées à l’isolement pendant de longues périodes et elles ont subi des pressions visant à leur faire « avouer » devant une caméra que des étrangers se trouvaient derrière leurs activités militantes contre le port du voile obligatoire et à les amener à « se repentir » de leurs actions.
En juillet 2019, la 28ème chambre du tribunal révolutionnaire de Téhéran a condamné Yasaman Aryani et Monireh Arabshahi à des peines de 16 ans d’emprisonnement et Mojgan Keshavarz à une peine de 23 ans et six mois d’emprisonnement. Les trois peines se décomposent de la manière suivante : une année d’emprisonnement au motif de « propagande contre le régime », une peine de cinq ans au motif de « rassemblement et collusion en vue de commettre des infractions compromettant la sécurité nationale » et une peine de 10 ans au motif d’« incitation à la corruption et la prostitution » pour avoir fait la promotion de la possibilité de retirer son voile. La peine de Mojgan Keshavarz comprend sept années et six mois supplémentaires au motif d’« insultes aux valeurs saintes de l’Islam ». Leur procès a été entaché d’irrégularités ; elles se sont vu refuser tout contact avec leurs avocats lors de leur détention provisoire et, au cours du procès, le juge a rejeté leurs demandes de consulter leurs avocats et a indiqué que ces derniers ne seraient pas autorisés à accéder au dossier de l’affaire ou à les représenter avant la phase d’appel. Si leurs condamnations et les peines prononcées sont confirmées en appel, ces trois femmes devront purger 10 ans de leurs peines d’emprisonnement.
Extrait du texte de la pétition
Vous pouvez retrouver la pétition sur le site d’Amnesty International