Guerre en Ukraine : Intervention de Jean-Luc Mélenchon à l’Assemblée nationale

Mardi 1er mars, Jean-Luc Mélenchon a rappelé sa position sur la guerre en Ukraine menée par la Russie dans le cadre d'une séance publique à l'Assemblée nationale consacrée à cette question. S'exprimant à la tribune, il a réitéré son attachement à la paix. Retrouvez ici la retranscription de son intervention.

Prenons de la hauteur pour mesurer le désastre dans lequel nous sommes plongé ce moment. 

Le GIEC annonce des changements irréversibles dans le climat : la moitié de l’humanité et de la biodiversité sont  menacés. Mais nous sommes cloués dans un conflit qui peut dégénérer en guerre nucléaire détruisant plus vite encore toute l’humanité.

James Webb, le plus puissant télescope que l’humanité ait jamais construit, est entré en fonction aux limites de l’orbite de notre planète.

Mais il nous faut avoir notre priorité est de surveiller depuis l’Espace des mouvements de blindés.

L’humanité est ainsi plongée dans une régression consternante.

Car en une nuit d’invasion le gouvernement nationaliste de la Russie vient de nous ramener au 19éme siècle, quand les différents entre les puissances se réglaient par la guerre. De nous ramener au 20eme siècle quand toute guerre en Europe devenait mondiale.

Quelles que soient les causes de l’invasion de l’Ukraine, rien ne peut l’excuser. Ni la relativiser.

La menace que contient cette invasion – celle d’une guerre mondiale totale. Et cela en fait un crime contre l’intérêt général humain de notre temps. Le gouvernement de monsieur Poutine en porte la totale responsabilité puisque c’est lui et personne d’autre qui est passé à l’acte.  

De la sorte, la politique est faite de réalité. De fait, l’honneur de la condition humaine est dans la résistance des ukrainiens. Mais elle est  aussi dans celle des Russes eux-mêmes, qui manifestent contre la décision de guerre de leur propre pays.

Ils témoignent pour l’aspiration universelle à la paix. Leurs manifestations nous donnent un modèle d’action. Elles minent politiquement la cohésion de l’appareil du gouvernement russe.

Dès lors ne l’oublions jamais : le peuple russe n’est pas notre ennemi. Nous, français, ne  le confondons pas avec le régime nationaliste qui est en place.

Nous savons désormais dans quelle alternative nous sommes enfermés.

Aucune participation à la guerre ne pourrait rester limitée. Action et réaction s’enchaineraient implacablement et sans limite.

Face à une puissance nucléaire comme la Russie, la destruction nucléaire générale serait l’horizon prévisible. D’ailleurs monsieur Poutine n’a pas hésité à en menacer lui-même le monde. Dès lors, si frustrant que cela soit, le seul chemin rationnel est celui de la paix. Il porte un nom clair: la désescalade.

Si frustrant que ce soit, l’alternative reste simple : ou bien la diplomatie ou bien la guerre totale. Tout doit aller à la diplomatie et rien – si peu que ce soit – à la guerre.

Méfions-nous des solutions improvisées et des conforts de postures. Les moyens que nous employons ne doivent jamais pouvoir se retourner contre nous.

Pourtant je regrette que l’union européenne a décidé de, je cite, « fournir des armements nécessaires à une guerre » selon les termes du commissaire Josep Borrel chargé des relations extérieures. Cette décision ferait de nous des co-belligérants. Un engrenage s’enclenche. Avec quelle légitimité ?  Quand notre parlement l’a-t-il décidé ? Pourquoi avoir rompu ce que le commissaire Borrel a lui-même qualifié de « tabou de l’histoire de l’union » à savoir « ne jamais fournir d’armes à des belligérants » ?

Orienter ces armes à partir de la Pologne, terre d’OTAN, n’est-ce pas se mettre à la merci de toutes les provocations des parties prenantes au conflit ?

Couper le circuit financier Swift n’est-ce-pas engager une escalade mondiale en poussant russes et chinois à utiliser désormais exclusivement leur propre circuit ? Quel avantage pour la paix ?   

Mieux vaudrait plutôt prendre une initiative diplomatique radicale.

C’est-à-dire accepter de traiter franchement, directement le fond du problème posé : la sécurité de chaque nation en Europe. Cette question est restée ouverte après l’implosion de l’URSS, puisque pour la première fois dans l’histoire contemporaine un empire s’est effondré sans qu’on discute les nouvelles frontières.  

C’est possible. L’outil existe. Il faut pour cela ouvrir une session extraordinaire de l’Organisation de la sécurité et de la coopération en Europe (OSCE) organisation créée pour cela par les accords d’Helsinki en 1975. Ce moyen existe. Déclenchons le.

La  solution existe aussi. C’est la proclamation de la neutralité de l’Ukraine. Le président Zelensky s’y est dit officiellement prêt. D’ailleurs cette neutralité avait été adoptée par le parlement de l’Ukraine en 1990 le jour du vote de sa déclaration de souveraineté par 339 voix contre 5. Cette déclaration dit, je cite que l’Ukraine « déclare solennellement son intention d’être un État perpétuellement neutre qui ne participe à aucun bloc militaire. »

A cette heure, il s’agit de rendre la diplomatie plus profitable que la guerre. Il s’agit de contraindre à la négociation. Et si l’offre était faite, la contrepartie pourrait être le cessez-le-feu immédiat pour que cesse le martyr des ukrainiens.

Disons encore qu’une telle négociation est de notre intérêt le plus direct comme français. Car nous aussi nous avons des revendications de sécurité. La première est de voir interdire l’installation de missiles de moyenne portée capable d’atteindre la France depuis le sol de la Russie ou de ses alliés.

En toute hypothèse, nous venons de toucher du doigt les limites de la doctrine de dissuasion nucléaire « terrestre », je dis bien “terrestre”, face à un adversaire résolu car le « tout ou rien » enferme clairement dans le « rien » si on n’est pas prêt à se faire sauter soi-même. La guerre d’Ukraine nous oblige donc à repenser beaucoup sur nous-mêmes.

La dénucléarisation du monde doit redevenir un objectif concret  de notre diplomatie puisque la surenchère nucléaire ne peut pas avoir de sens concret. La guerre d’Ukraine vient de le prouver. Et souvenons-nous à cet instant du nombre des conflits de frontières qui s’expriment encore d’une façon ou d’une autre sur le sol du vieux continent. Aujourd’hui, 13 pays sont concernés. Soit le quart des nations du vieux continent. 

Cela prouve combien il vaudrait mieux convoquer à temps une conférence européenne des frontières qui permette de définir les modalités de règlement de chaque cas, et d’établir ainsi une doctrine partagée par tous.   

La crise que nous vivons interroge toutes les certitudes et les doctrines passées. A l’ONU, dans le vote sur la résolution à propos de l’Ukraine, notant l’abstention de l’Inde et de la Chine, c’est-à-dire de 50 % de l’humanité. 

C’est un signal d’une extrême importance. Un autre ordre géopolitique du monde s’installe déjà, à partir de l’Asie.

Il est temps alors d’actualiser nos conceptions. Le régime nationaliste russe actuel agit comme un capitalisme oligarchique autoritaire. L’invasion de l’Ukraine signe une nouvelle carte d’identité après trente ans de mutations continues. 

De même, s’en est terminé du « nouvel ordre mondial » annoncé par George Bush en 1991. Le moment est entré dans le temps d’une réorganisation générale. Poussés dans les bras l’une de l’autre par la stratégie des USA, Russie et Chine font émerger un nouveau bloc. Hélas nous avons été incapables de promouvoir l’Europe de l’Atlantique à l’Oural ! Est-il trop tard ?

Dans ce nouveau contexte, les automatismes et les allégeances du passé ont-ils un intérêt pour nous français ? Je ne le crois pas. 

Le non alignement est notre intérêt. Dans la situation mouvante de notre temps, nous ne devons être les obligés de personne. La sortie de l’OTAN, organisation inefficace, participe par sa volonté d’expansion aux tensions guerrières sur notre continent. 

« Non alignement » ne signifie pas neutralité. Le choix de la France la met du côté du droit international. Et ce droit est du côté de l’Ukraine.

Non alignés, nous serons libres pour mener une diplomatie vraiment altermondialiste. 

D’une faiblesse, d’un malheur, faisons une force. La crise en cours comporte tous les risques mais aussi tous les moyens d’un rebond positif. 

Attention ! Les postures de « va-t-en guerre » pullulent toujours autour des conflits.

Mais l’action politique démocratique à toutes les échelles n’est rien d‘autre qu’un effort toujours recommencé pour régler par la discussion et la décision collective la violence des conflits qui divisent la société.

La démocratie reste un choix d’optimisme politique.

A cette heure, c’est la démonstration que nous devons en faire à propos de la crise de l’Ukraine.


Discurso de Jean-Luc Mélenchon frente a la Asamblea Nacional

Elevémonos un poco y miremos con altura el desastre en el que estamos inmersos actualmente.

El IPCC predice cambios irreversibles en el clima: la mitad de la humanidad y la biodiversidad están amenazadas. Pero estamos atrapados en un conflicto que podría derivar en una guerra nuclear que destruiría aún más rápido a toda la humanidad.

James Webb, el telescopio más potente que ha construido la humanidad ha comenzado a funcionar en el límite de la órbita de nuestro planeta.

Pero nuestra prioridad es la de controlar los movimientos de blindados desde el espacio.

La humanidad se ve así sumida en una regresión aterradora.

Porque en una sola noche de invasión, el gobierno nacionalista de Rusia nos ha hecho retroceder al siglo XIX, cuando las disputas entre potencias se resolvían mediante guerras.

Y nos retrotrae también al siglo XX, cuando toda guerra en Europa se volvía mundial.

Sean cuales sean las causas de la invasión de Ucrania, nada puede excusarla. Tampoco se puede relativizar.

La amenaza que encierra esta invasión es la de una guerra mundial total. Y eso la convierte en un crimen contra el interés general humano de nuestro tiempo.

El gobierno del Sr. Putin tiene toda la responsabilidad por esto, ya que fue él, y nadie más, quien perpetró el acto.

De facto, la política está hecha de realidad. De hecho, el honor de la condición humana reside en la resistencia de los ucranianos. Pero reside también en la de los propios rusos, que se manifiestan contra la decisión de su propio país de ir a la guerra.

Ellos dan testimonio de la aspiración universal a la paz. Sus manifestaciones nos dan un ejemplo de actuación.

Así podrán socavar políticamente la cohesión del aparato gubernamental ruso.

De modo que no lo olvidemos jamás: el pueblo ruso no es nuestro enemigo. Nosotros, los franceses, no los confundimos con el régimen nacionalista vigente.

Entonces, desde hoy sabemos en qué disyuntiva nos encontramos incluidos.

Ninguna participación en la guerra podría seguir siendo limitada. Acción y reacción se sucederían inexorablemente y sin límites.

Frente a una potencia nuclear como Rusia, la destrucción nuclear generalizada sería el horizonte previsible. Además, el Sr. Putin no ha dudado en amenazar al mundo con ello. Por lo tanto, por frustrante que sea, el único camino racional es el de la paz. Esto tiene un nombre claro: la desescalada.

Por frustrante que sea, la disyuntiva sigue siendo sencilla: o la diplomacia o la guerra total.

Todo debe ir a la diplomacia y nada -por poco que sea- a la guerra.

Desconfiemos de las soluciones improvisadas y de las posturas. Los medios que utilicemos no deben ser nunca contraproducentes.

Sin embargo, lamento que la Unión Europea haya decidido, y cito, « proporcionar el armamento necesario para una guerra », en palabras del Comisario de Relaciones Exteriores, Josep Borrel.

Esta decisión nos convierte en co-beligerantes. Así se pone en marcha una espiral. Pero ¿con qué legitimidad?  ¿Cuándo nuestro parlamento decidió tal cosa? ¿Por qué rompimos lo que el propio Comisario Borrel calificó de « tabú en la historia de la Unión », a saber, el de « nunca suministrar armas a los beligerantes »?

Al dirigir estas armas desde Polonia, territorio OTAN, ¿no nos pone esto a merced de todas las provocaciones de las partes en el conflicto?

Al cortar el circuito financiero Swift ¿no nos llevaría esto a una escalada mundial al empujar a rusos y chinos a utilizar exclusivamente su propio circuito? ¿Cuál sería la ventaja para la paz?  

Mucho mejor sería tomar una iniciativa diplomática radical.

Es decir, sería mejor aceptar de abordar franca y directamente el núcleo del problema en cuestión: la seguridad de cada nación de Europa. Esta cuestión quedó abierta tras la implosión de la URSS, ya que por primera vez en la historia contemporánea un imperio se derrumbó sin que se discutieran las nuevas fronteras. 

Es posible. La herramienta existe. Es necesario abrir una sesión especial de la Organización para la Seguridad y la Cooperación en Europa (OSCE), organización creada a tal efecto por los acuerdos de Helsinki en 1975. Esta herramienta existe. Activémosla.

La solución también existe. Es la proclamación de la neutralidad de Ucrania.

El presidente Zelensky ha dicho oficialmente que está preparado para ello. Además, esta neutralidad fue adoptada por el parlamento ucraniano en 1990 el día de la votación de su declaración de soberanía por 339 votos a 5. Esta declaración establece, y cito, que Ucrania « declara solemnemente su intención de ser un estado perpetuamente neutral que no participa en ningún bloque militar« .

En este momento, se trata de lograr que la diplomacia resulte más rentable que la guerra. Se trata de intimar a la negociación. Y si se hiciera la oferta, la contrapartida podría ser un alto el fuego inmediato para que el martirio de los ucranianos cese.

Digámoslo una vez más: en tanto que franceses, esa negociación nos interesa directamente.

Porque nosotros también tenemos exigencias de seguridad. La primera es que se prohíba la instalación de misiles de medio alcance capaces de tocar el suelo de Francia desde el suelo de Rusia o el de sus aliados.

En cualquier caso, acabamos de tocar con el dedo los límites de la doctrina de la disuasión nuclear « terrestre », digo « terrestre », frente a un adversario resuelto, pues el « todo o nada » incluye claramente ese « nada » si no se está dispuesto a saltar por los aires por sí mismo. Por ello, la guerra de Ucrania nos obliga a replantearnos muchas cosas sobre nosotros mismos.

La desnuclearización del mundo debe volver a ser un objetivo concreto de nuestra diplomacia, ya que el de la sobrepuja nuclear no puede tener ningún sentido concreto. La guerra en Ucrania acaba de demostrarlo. Y recordemos en este punto cuántos conflictos fronterizos se siguen expresando de una u otra manera en el suelo del viejo continente. En la actualidad, participan 13 países. Eso es una cuarta parte de las naciones del viejo continente.

Esto demuestra que sería mucho mejor convocar a tiempo una conferencia europea sobre fronteras, lo que permitiría definir las modalidades de solución de cada caso, y así establecer una doctrina compartida por todos.  

La crisis que estamos viviendo pone en cuestión todas las certezas y doctrinas del pasado, como se vio en la votación de la resolución de la ONU sobre Ucrania, donde se destacan la abstención de la India y de la China, es decir el 50% de la humanidad.

Esta es una señal de extrema importancia. Ya se está estableciendo un orden geopolítico diferente del mundo, empezando por Asia.

Por tanto, ha llegado el momento de actualizar nuestras concepciones. El actual régimen nacionalista ruso actúa como un capitalismo oligárquico autoritario. La invasión de Ucrania marca un nuevo carné de identidad tras treinta años de continuos cambios.

Del mismo modo, el « nuevo orden mundial » anunciado por George Bush en 1991 ha terminado. Ha llegado el momento de una reorganización general. Empujados el uno hacia el otro por la estrategia estadounidense, Rusia y China están creando un nuevo bloque.

Desgraciadamente, fuimos incapaces de promover una Europa que fuera desde el Atlántico hasta los Urales. ¿Es demasiado tarde?

En este nuevo contexto, ¿tienen los automatismos y las lealtades del pasado algún interés para nosotros los franceses? No lo creo.

La no alineación nos interesa. En la situación cambiante de nuestro tiempo, no debemos estar obligados ante nadie. Debemos salir de la OTAN, una organización ineficaz, que contribuye, por su deseo de expansión, a las tensiones bélicas en nuestro continente.

« No alineación » no significa neutralidad. Esta opción de la Francia la pondría del lado del derecho internacional. Y, tal derecho esta del lado de Ucrania.

Siendo “No alineados”, seremos libres de llevar a cabo una verdadera diplomacia altermundista.

Convirtamos una debilidad, una desgracia, en una fortaleza. La crisis actual conlleva todos los riesgos, pero también todos los medios para un repunte positivo.

Pero ¡cuidado! Las posturas de militaristas siempre abundan en torno a los conflictos.

Pero la acción política democrática a todos los niveles no es más que un esfuerzo siempre recomenzado por resolver la violencia de los conflictos que dividen a la sociedad mediante el debate y la decisión colectiva. La democracia sigue siendo una opción de optimismo político. En este momento, debemos demostrarlo en relación con la crisis de Ucrania.


Speech by Jean-Luc Mélenchon to the National Assembly

Let us take a step back and fully appreciate the scale of the disaster in which we are all focused right now.

The IPPC announces irreversible changes to our climate: half of humanity and biodiversity are threatened. Yet here we are, stuck in a conflict which could scale up to nuclear war, killing all of humanity at a faster pace.

James Webb, the most powerful telescope ever built by humanity has started functioning at the limit of our planet’s orbit. Yet surveillance of military trucks from outer space seems to be our main priority.

Humanity is therefore stuck in this appalling regression.

Because a single night of invasion was enough for Russia’s nationalistic government to bring us back to the 19th century. In those days, war between world powers would solve conflicts. It was also enough to bring us back to the 20th century when every war would become a global one.

Whatever the causes of the invasion of Ukraine, nothing can excuse it. Or diminish its meaning.

The threat behind this invasion is one of an all-out world war. It is therefore a crime against humanity’s general interest. Mr Putin’s government carries the whole weight of responsibility because it is him and no one else who decided to take action.

By that analysis, politics is made by reality. As a matter of fact, the Ukrainians’ resistance better honors the human condition. But it is also visible in the Russian people themselves as they protest against the decision of war within their own country.

They testify for the aspiration to universal peace. Their protests give us a model for action. They politically damage the cohesion within the Russian government’s apparel.

As a result, let us never forget it: the Russian people are not our enemy. We, the French, must not confuse them with the nationalistic regime in place.

We now know in which alternative we are stuck.

No participation in war can be restricted. Action and reaction would scale up relentlessly and without any limit.

Against a nuclear powerhouse like Russia, complete nuclear destruction would come in the near future. Mr Putin did not wait long to threaten us with it himself. As a result, and no matter how frustrating, the only rational way is one of peace. It bears a clear name: de-escalation.

As frustrating as it may sound, the alternative is simple: it is either diplomacy or total war. All must go to diplomacy and nothing – as little as it may be – to war.

Beware of improvised solutions and comfortable postures. The means that we use should never be used against us.

Yet I regret the European Union’s decision to, and I quote, “providing arms necessary in a war”, as commissioner Josep Borrell, in charge of foreign relations, coined it. Such a decision would transform us into co-belligerents and make the gears turn. With what legitimacy? When did our parliament decide it? Why break what commissioner Borrel himself called the “taboo of the Union’s history”, “never providing arms to belligerents”?

Sending those weapons from Poland, NATO soil, isn’t that putting ourselves at the mercy of every provocation from this conflict’s stakeholders?

Cutting access to the Swift financial circuit, isn’t it escalating a global issue by encouraging the Russians and the Chinese to exclusively use their own circuit? What good does it bring to peace?

A radical diplomatic initiative would better suit this situation.

Which means accepting franc and direct assessment of the problem addressed: the security of each European nation. This has remained an open question following the USSR’s implosion, considering that for the first time in contemporary history an empire fell without even discussing the resulting borders.

This is possible, a tool exists. An extraordinary session of the Organization for Security and Co-operation in Europe (OSCE) should be called upon. The organization was created for that very reason following the Helsinki agreements of 1975. This mean exists. Let us use it.

The solution also exists. It is the proclamation of Ukraine’s neutrality. President Zelensky himself is officially open to such an option. In fact, that neutrality was adopted by the Ukrainian parliament in 1990, the day it voted its declaration of sovereignty by 339 votes in favor against 5. This declaration states that, and I quote, Ukraine “declares solemnly its intention of being a perpetually neutral State participating in no military block”.

At this time, diplomacy should be seen as more profitable than war. It must be about constraining negotiation. And with such an offer on the table, an immediate ceasefire could be adopted so that the Ukrainian’s martyrdom ends.

Let us add that such a negotiation falls under our prime interest for us as Frenchmen. Because we also have security claims. The first one is a ban on the installation of medium range missiles capable of reaching France from Russian soil or its allies.

In all hypotheses, we have just exposed the limit to the doctrine of “land” nuclear dissuasion – I emphasize the “land” – against an adversary ready to cross the line in order to save himself. The war in Ukraine should therefore lead to some introspection on our part.

World denuclearisation should become a concrete objective of our diplomacy because nuclear threats can not have concrete meaning. The war in Ukraine has just proven it. And let us remember at this instant of the number of border conflicts still having an impact, one way or the other, on the European continent. Nowadays, 13 countries are concerned. That is one fourth of the Nations on the old continent.

This shows how it should be more important to convene a European conference on borders. It would allow us to determine the modalities to solve each case, therefore establishing a shared doctrine.

The crisis to which we are confronted puts every past doctrine into question. In the UN, India and China chose not to take sides in the vote on Ukraine’s resolution. That is 50 % of humanity.

This is an extremely important signal. Another geopolitical order is setting foot on the world, starting with Asia.

It is therefore time to modernize our conceptions. The nationalistic Russian regime acts like oligarchic and authoritarian capitalism. Ukraine’s invasion acts like the sign of a new ID card after thirty years of continuous mutations.

The “new world order” announced by George Bush in 1991 is over. The moment has come for general reorganization. Pushed in each other’s arms by the US’s strategy, China and Russia make a new block emerge. Sadly, we were unable to promote a European block from the Atlantic to the Urals! Are we too late?

With this context, do automatisms and allegiances from the past have an interest for us, the French people? I do not think so.

Non-alignment is in our best interest. In the moving situation of our times, we should submit to no one. We should leave NATO. By its willingness to expand, this ineffective organization participates in the belligerent tensions on our continent.

“Non-alignment” does not mean neutrality. France’s choice puts it on the side of international law. And that law is on Ukraine’s side.

Non-aligned, we will be free to set in motion a real alterglobalist diplomacy.

Let’s build strength from weakness and misfortune. The crisis at hand holds every risk but also all the means for a positive rebound.

But beware! The posture from war-mongers always multiply around conflicts.

Political democratic action at every scale is nothing more than a never-ending endeavor to solve by collective discussions and decisions the violence of conflicts that divide society.

Democracy remains the choice of political optimism.

At this hour, it is the demonstration we must make on the crisis in Ukraine.

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Marina Mesure

Syndicalisme international

Marina Mesure is a specialist of social issues. She has worked for several years with organizations defending workers’ rights such as the European Federation of Building and Wood Workers.

She has campaigned against child labor with the International Labor Organization, against social dumping and the criminalization of unionism. As a famous figure in the international trade union world, she considers that the principle of “equal work, equal pay « remain revolutionary: between women and men, between posted and domestic workers, between foreigners and nationals ».

Marina Mesure, especialista en asuntos sociales, ha trabajado durante varios años con organizaciones de derechos de los trabajadores como la Federación Europea de Trabajadores de la Construcción y la Madera.

Llevo varias campañas contra el trabajo infantil con la Organización Internacional del Trabajo, contra el dumping social, y la criminalización del sindicalismo. Es una figura reconocida en el mundo sindical internacional. Considera que el principio de « igual trabajo, igual salario » sigue siendo revolucionario: entre mujeres y hombres, entre trabajadores desplazados y domésticos, entre extranjeros y nacionales « .

Spécialiste des questions sociales, Marina Mesure travaille depuis plusieurs années auprès d’organisations de défense des droits des travailleurs comme la Fédération Européenne des travailleurs du Bâtiment et du Bois.

Elle a mené des campagnes contre le travail des enfants avec l’Organisation internationale du travail, contre le dumping social, la criminalisation du syndicalisme. Figure reconnue dans le monde syndical international, elle considère que le principe de « travail égal, salaire égal » est toujours aussi révolutionnaire : entre les femmes et les hommes, entre les travailleurs détachés et domestiques, entre étrangers et nationaux ».

Sophia Chikirou

Directrice de la publication

Sophia Chikirou is the publisher of Le Monde en commun. Columnist, director of a documentary on the lawfare, she also founded several media such as Le Média TV and the web radio Les Jours Heureux.

Communications advisor and political activist, she has worked and campaigned in several countries. From Ecuador to Spain, via the United States, Mexico, Colombia, but also Mauritania, she has intervened with progressive and humanist movements during presidential or legislative campaigns.

In 2007, she published Ma France laïque (La Martinière Editions).

Sophia Chikirou es directora de la publicación de Le Monde en commun. Columnista, directora de un documental sobre el lawfare, también fundó varios medios de comunicación tal como Le Média TV y la radio web Les Jours Heureux.

Asesora de comunicacion y activista política, ha trabajado y realizado campañas en varios países. Desde Ecuador hasta España, pasando por Estados Unidos, México, Colombia, pero también Mauritania, intervino con movimientos progresistas y humanistas durante campañas presidenciales o legislativas.

En 2007, publicó Ma France laïque por Edicion La Martinière.

Sophia Chikirou est directrice de la publication du Monde en commun. Editorialiste, réalisatrice d’un documentaire sur le lawfare, elle a aussi fondé plusieurs médias comme Le Média TV et la web radio Les Jours Heureux.

Conseillère en communication et militante politique, elle a exercé et milité dans plusieurs pays. De l’Equateur à l’Espagne, en passant par les Etats-Unis, le Mexique, la Colombie, mais aussi la Mauritanie, elle est intervenue auprès de mouvements progressistes et humanistes lors de campagnes présidentielles ou législatives.

En 2007, elle publiait Ma France laïque aux éditions La Martinière.

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