Cet article fait partie du dossier Ecologie populaire

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Nucléaire et filière EPR : un rapport au vitriol de la Cour des Comptes

Après une enquête approfondie de 18 mois, les magistrats de la Cour des Comptes ont rendu des conclusions cinglantes à l’égard de la filière EPR française. Manon Dervin, auteure du livre « L’Ecologie populaire » aux Éditions 2031, nous propose une synthèse du rapport.

Ce texte a été publié le 10 juillet 2020.

Le fiasco de l’EPR de Flamanville

Ainsi, le fiasco de l’EPR (« European Pressurized Reactor ») de Flamanville se confirme. Il est édifiant. Le projet devait être achevé en 2012, nous sommes en 2020. Lancé en 1989 et porté par Framatome et Siemens, la double paternité franco-allemande initiale du projet a été source de complexité. D’autant qu’en 1998, l’Allemagne change de politique et se détourne du nucléaire. La Cour des comptes confirme que la complexité technique de l’installation et des innovations requises a été sous-estimée. Elle assène en constant la perte de compétence technique de la filière. De l’aveu même de Pierre Moscovici lors de la conférence de presse de présentation du rapport : « on a perdu la main pour le dire un peu trivialement ».

Résultat : 4500 modifications de faites, 10 ans de retard, des délais multipliés par 3,5, un coût multiplié par 3,3, réévalué à sept reprises pour un total de 19 milliards d’euros minimum. Soit six fois plus cher que prévu.

Ce désastre industriel est sous perfusion d’argent public. Autant d’argent qui n’est pas investi dans le développement des énergies renouvelables. Orano (ex-Areva) a été renfloué à hauteur de 4,5 milliards d’euros par l’Etat, ED à hauteur de 3 milliards d’euros. Le coût de production de l’électricité produite par l’EPR s’établirait entre 110 € et 120 € le mégawattheure. Un prix deux fois supérieur à celui de l’électricité produite par les réacteurs nucléaires existants. Et trois fois supérieur au prix de l’électricité qui sera produite par le parc d’éolien en mer de Dunkerque (44 € / MWh).

Un développement international hasardeux

Le fiasco est en réalité planétaire. Que ce soit en France, en Chine, au Royaume Uni ou en Finlande, le constat est le même : les retards et surcoûts sont considérables. La filière EPR compte six réacteurs : deux en service en Chine (Taishan), et quatre en construction, un en France, un en Finlande, deux au Royaume-Uni.

Ceux de Taishan ont été mis en service en 2018 et 2019 avec un retard de cinq ans sur le calendrier prévu et un surcoût évalué à 60%. Leur rentabilité est toujours insuffisante. Le réacteur finlandais Olkiluoto n’a toujours pas démarré et son coût a déjà quadruplé. Ceux d’Hinkley Point affichent des retards pour un surcoût de 3 milliards de livres. Pour finir, les projets de constructions de 6 EPR en Inde n’ont pas abouti. La stratégie d’exportation à l’étranger est un échec. La filière industrielle qui se veut vitrine des savoir-faire français est un naufrage.

Une énergie du passé

Le coût de construction de trois paires d’EPR dit « de nouvelle génération » est estimé à 46 Md€. De l’aveu même de la Cour des Comptes :

« la situation d’EDF, entreprise cotée en bourse et déjà endettée, est incompatible avec les besoins massifs d’investissement auxquels l’entreprise devra faire face en cas de déploiement de nouveaux réacteurs. » D’autant qu’« il demeure une incertitude sur la capacité de la filière nucléaire à construire de nouveaux réacteurs électronucléaires dans des délais et pour un coût qui demeurent acceptables ».

Continuer de subventionner une telle stratégie serait un véritable gâchis, à rebours de la bifurcation écologique.

Plus personne n’ignore que cette énergie est dangereuse, génère énormément de déchets que l’on ne sait plus où stocker et est une entrave à la souveraineté énergétique puis que sa matière première, l’uranium, est importé. Les mésaventures de la filière EPR viennent ajouter à ce bilan un nouveau critère à charge : le nucléaire ne fournit plus une énergie à bas coût. Pour finir, le réchauffement climatique relègue définitivement le nucléaire au rang d’énergie du passé. Le président de la Commission de régulation de l’énergie, auditionné à l’Assemblée nationale le 7 juillet, a estimé que les fleuves sont devenus trop sensibles aux aléas climatiques pour accueillir de nouvelles centrales nucléaires. La Cour des Comptes souligne que « compte tenu de leur durée de construction, de production et de démantèlement, la décision de construire ou non de futurs EPR aura des conséquences jusqu’au XXIIe siècle ». Ce sont de bonnes raisons d’y renoncer définitivement.

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Marina Mesure

Syndicalisme international

Marina Mesure is a specialist of social issues. She has worked for several years with organizations defending workers’ rights such as the European Federation of Building and Wood Workers.

She has campaigned against child labor with the International Labor Organization, against social dumping and the criminalization of unionism. As a famous figure in the international trade union world, she considers that the principle of “equal work, equal pay « remain revolutionary: between women and men, between posted and domestic workers, between foreigners and nationals ».

Marina Mesure, especialista en asuntos sociales, ha trabajado durante varios años con organizaciones de derechos de los trabajadores como la Federación Europea de Trabajadores de la Construcción y la Madera.

Llevo varias campañas contra el trabajo infantil con la Organización Internacional del Trabajo, contra el dumping social, y la criminalización del sindicalismo. Es una figura reconocida en el mundo sindical internacional. Considera que el principio de « igual trabajo, igual salario » sigue siendo revolucionario: entre mujeres y hombres, entre trabajadores desplazados y domésticos, entre extranjeros y nacionales « .

Spécialiste des questions sociales, Marina Mesure travaille depuis plusieurs années auprès d’organisations de défense des droits des travailleurs comme la Fédération Européenne des travailleurs du Bâtiment et du Bois.

Elle a mené des campagnes contre le travail des enfants avec l’Organisation internationale du travail, contre le dumping social, la criminalisation du syndicalisme. Figure reconnue dans le monde syndical international, elle considère que le principe de « travail égal, salaire égal » est toujours aussi révolutionnaire : entre les femmes et les hommes, entre les travailleurs détachés et domestiques, entre étrangers et nationaux ».

Sophia Chikirou

Directrice de la publication

Sophia Chikirou is the publisher of Le Monde en commun. Columnist, director of a documentary on the lawfare, she also founded several media such as Le Média TV and the web radio Les Jours Heureux.

Communications advisor and political activist, she has worked and campaigned in several countries. From Ecuador to Spain, via the United States, Mexico, Colombia, but also Mauritania, she has intervened with progressive and humanist movements during presidential or legislative campaigns.

In 2007, she published Ma France laïque (La Martinière Editions).

Sophia Chikirou es directora de la publicación de Le Monde en commun. Columnista, directora de un documental sobre el lawfare, también fundó varios medios de comunicación tal como Le Média TV y la radio web Les Jours Heureux.

Asesora de comunicacion y activista política, ha trabajado y realizado campañas en varios países. Desde Ecuador hasta España, pasando por Estados Unidos, México, Colombia, pero también Mauritania, intervino con movimientos progresistas y humanistas durante campañas presidenciales o legislativas.

En 2007, publicó Ma France laïque por Edicion La Martinière.

Sophia Chikirou est directrice de la publication du Monde en commun. Editorialiste, réalisatrice d’un documentaire sur le lawfare, elle a aussi fondé plusieurs médias comme Le Média TV et la web radio Les Jours Heureux.

Conseillère en communication et militante politique, elle a exercé et milité dans plusieurs pays. De l’Equateur à l’Espagne, en passant par les Etats-Unis, le Mexique, la Colombie, mais aussi la Mauritanie, elle est intervenue auprès de mouvements progressistes et humanistes lors de campagnes présidentielles ou législatives.

En 2007, elle publiait Ma France laïque aux éditions La Martinière.

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