Cet article fait partie du dossier Ecologie populaire

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La gestion commune de l’eau au Sénégal

L'écologie populaire, telle que nous la concevons, suppose l'implication des citoyens dans la reconquête des moyens de produire et répartir les biens communs. Dans cette perspective, la maîtrise de l'exploitation, du traitement et de la distribution de l'eau potable est un enjeu vital. Cet article revient sur des expériences menées par des citoyens sénégalais pour reprendre le contrôle de l'eau.

Cet article, de Aline Hubert, a été publié le 3 août 2020 sur le site regards.fr.

Dans la zone côtière des Niayes, des expériences de gestion locale de l’eau inspirées du principe des « communs » pour concrétiser les aspirations à une gouvernance démocratique et à une expertise citoyenne.

Dakar, décembre 2019 : coupure d’eau dans plusieurs quartiers de la capitale. On ne sait pas combien de temps cela va durer. Parfois, il faut attendre la nuit pour espérer voir un filet d’eau remplir les seaux et bassines qui s’accumulent. Et parfois, même la nuit, l’eau ne vient pas. À quelques dizaines de kilomètres de là, en zone rurale, certains villages n’ont simplement pas accès à un réseau d’eau : forage en panne ou pas de forage tout court.

Globalement en 2015, en Afrique subsaharienne, seulement 24% de la population avait accès à une source sûre d’eau potable. Mais la question de l’eau ne s’arrête pas à celle de l’eau potable qui ne constitue que 12% des prélèvements en eau de la planète contre 19% pour l’industrie et 69% pour l’agriculture (élevage et aquaculture compris).

Manque d’investissements, problèmes techniques, mauvaise gestion, pollution, gaspillage, ou encore épuisement des ressources, et finalement conflits… les enjeux sont multiples. Face à la complexité des situations, les États font appel à des experts pour réaliser des études, ou encore à des sociétés privées de distribution des eaux comme délégataires de service public, masquant ainsi deux dimensions fondamentales : d’abord la gestion de la ressource elle-même – et non plus seulement du service – car les situations de surexploitation se multiplient ; ensuite son aspect politique – au sens étymologique du terme, c’est-à-dire qui concerne les citoyens –, et cela d’autant plus que les situations de pénurie impliquent un partage de la ressource, et donc des choix.

Au Sénégal, la zone des Niayes concentre justement un grand nombre d’enjeux liés à l’eau : écosystème de la bordure littorale entre Dakar et Saint-Louis, aux ressources en eau presque exclusivement souterraines, elle est le théâtre d’intenses activités horticoles et minières qui épuisent et polluent les aquifères, générant dégâts environnementaux et conflits sociaux. En dépit de l’intérêt porté aussi bien par les chercheurs, les autorités politiques que les opérateurs de développement, les ressources en eau de la zone semblent s’épuiser inexorablement dans un contexte de croissance démographique et de changement climatique accroissant la vulnérabilité des habitants du territoire.

Assurer l’accès à la ressource et sa pérennité

En 1968, dans un essai devenu célèbre depuis, Garett Hardin théorisait La Tragédie des communs : processus de surexploitation qui menacerait toute ressource en accès libre (pâturages, ressources halieutiques, forêts, ressources en eau, etc.). Bien que sa théorie et surtout ses conclusions pro-néolibérales aient été largement battues en brèche, force est de constater que plusieurs tragédies des communs sont en cours aujourd’hui. Les ressources en eau de la zone des Niayes semblent être de celles-là.

À la théorie trop étroite d’Hardin, Elinor Ostrom – Nobel d’économie en 2009 – avait pourtant opposé en 1990 la notion de communs, ressources partagées dont la gestion collective assurerait la pérennité. Ainsi, outre la ressource, un commun suppose l’existence d’une communauté qui gère les conditions d’accès à la ressource, organise son renouvellement et la préserve contre les menaces extérieures, grâce à un mode de gouvernance choisi par la communauté elle-même. Les travaux d’Ostrom (ré)affirmaient donc qu’au-delà du marché ou de l’État, la perspective d’une gouvernance locale et démocratique des ressources était parfois possible et souhaitable.

C’est en s’appuyant sur « l’approche par les communs » que sont nées, dans quelques communes de la zone des Niayes, les « plateformes locales de l’eau » (PLE), structures de gouvernance communale (voire intercommunale) en charge de la gestion de l’eau. Accompagnés par l’ONG Gret, des acteurs des territoires (usagers, techniciens, autorités), regroupés pour une gestion durable, équitable et efficace des ressources en eau, ont façonné des dispositifs de gouvernance innovants, formalisés par les statuts et règlements associatifs des PLE. Dans leur charte, ces dernières préconisent « une gestion raisonnée de l’eau, en prélevant la ressource à un rythme lui permettant de se renouveler ; en partageant la ressource durablement disponible entre les différents usages de manière équitable mais préférentiellement pour les usages ne portant pas atteinte à l’environnement ; en protégeant les ressources naturelles du territoire ; en encadrant voire limitant toutes les activités présentant un risque de pollution des ressources en eau ; et en partageant les informations et connaissances relatives aux ressources en eau de la zone ».

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Marina Mesure

Syndicalisme international

Marina Mesure is a specialist of social issues. She has worked for several years with organizations defending workers’ rights such as the European Federation of Building and Wood Workers.

She has campaigned against child labor with the International Labor Organization, against social dumping and the criminalization of unionism. As a famous figure in the international trade union world, she considers that the principle of “equal work, equal pay « remain revolutionary: between women and men, between posted and domestic workers, between foreigners and nationals ».

Marina Mesure, especialista en asuntos sociales, ha trabajado durante varios años con organizaciones de derechos de los trabajadores como la Federación Europea de Trabajadores de la Construcción y la Madera.

Llevo varias campañas contra el trabajo infantil con la Organización Internacional del Trabajo, contra el dumping social, y la criminalización del sindicalismo. Es una figura reconocida en el mundo sindical internacional. Considera que el principio de « igual trabajo, igual salario » sigue siendo revolucionario: entre mujeres y hombres, entre trabajadores desplazados y domésticos, entre extranjeros y nacionales « .

Spécialiste des questions sociales, Marina Mesure travaille depuis plusieurs années auprès d’organisations de défense des droits des travailleurs comme la Fédération Européenne des travailleurs du Bâtiment et du Bois.

Elle a mené des campagnes contre le travail des enfants avec l’Organisation internationale du travail, contre le dumping social, la criminalisation du syndicalisme. Figure reconnue dans le monde syndical international, elle considère que le principe de « travail égal, salaire égal » est toujours aussi révolutionnaire : entre les femmes et les hommes, entre les travailleurs détachés et domestiques, entre étrangers et nationaux ».

Sophia Chikirou

Directrice de la publication

Sophia Chikirou is the publisher of Le Monde en commun. Columnist, director of a documentary on the lawfare, she also founded several media such as Le Média TV and the web radio Les Jours Heureux.

Communications advisor and political activist, she has worked and campaigned in several countries. From Ecuador to Spain, via the United States, Mexico, Colombia, but also Mauritania, she has intervened with progressive and humanist movements during presidential or legislative campaigns.

In 2007, she published Ma France laïque (La Martinière Editions).

Sophia Chikirou es directora de la publicación de Le Monde en commun. Columnista, directora de un documental sobre el lawfare, también fundó varios medios de comunicación tal como Le Média TV y la radio web Les Jours Heureux.

Asesora de comunicacion y activista política, ha trabajado y realizado campañas en varios países. Desde Ecuador hasta España, pasando por Estados Unidos, México, Colombia, pero también Mauritania, intervino con movimientos progresistas y humanistas durante campañas presidenciales o legislativas.

En 2007, publicó Ma France laïque por Edicion La Martinière.

Sophia Chikirou est directrice de la publication du Monde en commun. Editorialiste, réalisatrice d’un documentaire sur le lawfare, elle a aussi fondé plusieurs médias comme Le Média TV et la web radio Les Jours Heureux.

Conseillère en communication et militante politique, elle a exercé et milité dans plusieurs pays. De l’Equateur à l’Espagne, en passant par les Etats-Unis, le Mexique, la Colombie, mais aussi la Mauritanie, elle est intervenue auprès de mouvements progressistes et humanistes lors de campagnes présidentielles ou législatives.

En 2007, elle publiait Ma France laïque aux éditions La Martinière.

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