Cet article fait partie du dossier Ecologie populaire

Le Monde en commun publie des articles et contenus audiovisuels accessibles dans 3 langues : français, anglais, et espagnol. L’objectif est de rendre accessible tous les contenus au plus large public. Pour cela, la langue ne doit pas être un obstacle.

Nous sommes en train de constituer un groupe de volontaires qui se chargeront de traduire l’ensemble des contenus afin de les présenter dans au moins trois langues (français, anglais, espagnol).

Si vous souhaitez rejoindre le groupe, merci de nous adresser un mail à contact@linternationale.fr 

COP ou pas cap ?

Les COP se suivent et se ressemblent. Hélas. Cela fait trente ans que les conférences internationales et les rapports scientifiques tirent la sonnette d’alarme climatique. Pour quel résultat ? Il y a 5 ans, les États participants à la COP21 s’accordaient pour contenir le réchauffement climatique en dessous de 2 °C, voire le limiter à 1,5 °C. L’Accord de Paris était signé dans un tonnerre d’applaudissements. Pourtant, à la veille de la COP26 qui se tiendra à Glasgow, le bilan n’est vraiment pas bon.

La COP26, raout annuel des leaders mondiaux sur le climat, débutera le 1er novembre, au lendemain d’un G20 marqué par l’absence d’ambitions réelles sur la question environnementale. Nous publions ici la note de Jean-Luc Mélenchon sur le sujet, qui dénonce le caractère « purement déclaratoire » des engagements pris depuis l’Accord de Paris, qui ne « prévoit aucun mécanisme de sanction ».

La pandémie n’a été qu’un répit en trompe-l’œil. En 2020, les émissions de gaz à effet de serre sont au plus haut. Si cela se poursuit, l’Organisation météorologique mondiale prédit un réchauffement d’environ 4 degrés d’ici à la fin du siècle. Cette nouvelle donne climatique pourrait s’imposer plus vite que prévu. Ainsi, dans le premier volet de son rapport publié en août 2021, le GIEC estime qu’au rythme actuel d’émissions, la barre de 1,5°C de réchauffement sera atteinte avant 2030. 

On n’en finit plus de lister les perturbations déjà à l’œuvre : inondations, montée des eaux, incendies géants, ralentissement du courant océanique… Pour s’arrêter à +1,5°C et son lot de conséquences irréversibles, il faut diviser par deux les émissions mondiales de gaz à effet de serre. Le temps est compté : on doit le faire en moins de 10 ans. Concrètement, cela signifie multiplier le niveau d’ambition par 7. Autant dire que la pente est raide ! Or, les engagements actuels sont très loin d’être suffisants. Même s’ils étaient atteints, ils nous conduiraient tout droit vers un réchauffement de +2,7°C à la fin du siècle. 

Évidemment, le problème de ces engagements c’est leur caractère purement déclaratoires. L’Accord de Paris ne prévoit aucun mécanisme de sanctions. Résultat, la litanie des promesses se transforme en compétition d’affichage diplomatique. Les objectifs de neutralité carbone à horizon 2050 voire 2060 sont faciles à brandir. Ils ne coûtent rien à court-terme. Et même s’ils étaient atteints, ils permettraient seulement de contenir le réchauffement à +2,2 °C. Nous ne sommes donc pas dans les clous de l’Accord de Paris. 

La COP26 doit permettre de rehausser à nouveau les ambitions. Il faut l’espérer. Mais sans dimension contraignante, cela sera un nouveau coup d’épée dans l’eau. D’ores et déjà, le ver est dans le fruit. En effet, l’article 6 de l’Accord de Paris permet la mise en œuvre de mécanismes autorisant les pays à s’acheter des crédits de droit à polluer pour tenir leurs engagements. La compensation carbone et la régulation par le marché sont un leurre. En effet, autoriser les entreprises à planter des arbres pour continuer à polluer est une fausse solution. Il faut donc y renoncer. 

Au contraire, il est urgent de créer du droit international contraignant. 2000 scientifiques et 700 ONG réclament un traité de non-prolifération des énergies carbonées. J’y suis pleinement favorable. La Bolivie propose aussi l’instauration d’un international de Justice climatique et environnementale depuis 2009. Des négociations en faveur d’un traité pour contraindre les multinationales à respecter les droits humains et l’environnement patinent depuis 2014. Qu’attend-on ? 

La COP26 doit aussi se pencher sur d’autres aspects non moins cruciaux. Je parle des financements. Il s’agit d’aider les pays en développement à opérer la bifurcation écologique et à s’adapter aux conséquences du changement climatique. Cela presse car celles-ci sont déjà concrètes. Ainsi, à Madagascar, un million de personnes subissent la première famine au monde causée par le changement climatique. Pour cela, les pays développés se sont engagés à mobiliser 100 milliards de dollars chaque année de 2020 à 2025. Mais cette somme ne sera pas réunie avant…2023. Pendant ce temps, les 1% les plus riches de la planète polluent 100 fois plus que la moitié la plus pauvre de l’humanité. 

Pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, il faut sortir des énergies fossiles. Pour l’heure, celles-ci sont arrosés de 11 millions de dollars de subventions publiques par minute à l’échelle mondiale. Autant d’argent qui n’est pas investi dans les énergies renouvelables et la modification en profondeur de nos façons de produire. Pire, d’ici 2030, les prévisions mondiales de production de charbon, de pétrole et de gaz sont deux fois supérieures à celles compatibles avec une limitation du réchauffement à +1,5°C. Pourtant, les gouvernements ont les moyens d’agir. En effet, via les entreprises d’État, ils contrôlent plus de la moitié de la production mondiale de combustibles fossiles.

Le lobbying anti-climat continuer de tourner à plein régime. Certains États cherchent carrément à influencer la rédaction du dernier rapport des scientifiques du climat. Greenpeace révèle ainsi que l’Organisation des pays exportateurs de pétrole a tenté de faire supprimer la conclusion suivante : « Si le réchauffement doit être limité à 2°C, environ 30 % du pétrole, 50 % du gaz et 80 % des réserves de charbon resteront incombustibles ». Mais supprimer les phrases n’enterre pas les problèmes. Côté français, Total avait connaissance de son impact climatique depuis 50 ans. Qu’ont-ils fait ? Rien sinon pire : user pendant longtemps de la stratégie du doute pour empêcher toute avancée. 

Avec Macron, auto-proclamé champion de la Terre, la France est loin d’être exemplaire. Le gouvernement français continue de subventionner massivement les énergies fossiles et ne prévoit pas d’y mettre un terme avant 2035. Il été condamné en octobre 2021 pour inaction climatique. Entre temps, Macron a décidé d’abaisser encore les ambitions climatiques de la France. En un tour de passe-passe, il a revu à la hausse les émissions de CO2 autorisées jusqu’en 2023. La loi Climat votée cet été est déjà obsolète. À ce rythme, la France n’atteindra pas la neutralité carbone avant 2085. 

Pourtant, le rapport RTE et Négawatt démontrent qu’atteindre le 100% renouvelables et la neutralité carbone en 2050 est tout à fait possible. Nous avons « huit ans pour élaborer les plans, mettre en œuvre les politiques et finalement y parvenir. Le temps presse dangereusement » insiste la directrice du Programme des Nations Unies pour l’Environnement. 2030 commence en 2022. 

Dans le même dossier

Claire Lejeune est co-responsable du département de planification écologique de l’Institut La Boétie. Elle est revenue pour l’Émission populaire sur l’appel, fait par une vingtaine de pays, dont la France, à tripler les capacités nucléaires mondiales d’ici à…

Partagez !

Marina Mesure

Syndicalisme international

Marina Mesure is a specialist of social issues. She has worked for several years with organizations defending workers’ rights such as the European Federation of Building and Wood Workers.

She has campaigned against child labor with the International Labor Organization, against social dumping and the criminalization of unionism. As a famous figure in the international trade union world, she considers that the principle of “equal work, equal pay « remain revolutionary: between women and men, between posted and domestic workers, between foreigners and nationals ».

Marina Mesure, especialista en asuntos sociales, ha trabajado durante varios años con organizaciones de derechos de los trabajadores como la Federación Europea de Trabajadores de la Construcción y la Madera.

Llevo varias campañas contra el trabajo infantil con la Organización Internacional del Trabajo, contra el dumping social, y la criminalización del sindicalismo. Es una figura reconocida en el mundo sindical internacional. Considera que el principio de « igual trabajo, igual salario » sigue siendo revolucionario: entre mujeres y hombres, entre trabajadores desplazados y domésticos, entre extranjeros y nacionales « .

Spécialiste des questions sociales, Marina Mesure travaille depuis plusieurs années auprès d’organisations de défense des droits des travailleurs comme la Fédération Européenne des travailleurs du Bâtiment et du Bois.

Elle a mené des campagnes contre le travail des enfants avec l’Organisation internationale du travail, contre le dumping social, la criminalisation du syndicalisme. Figure reconnue dans le monde syndical international, elle considère que le principe de « travail égal, salaire égal » est toujours aussi révolutionnaire : entre les femmes et les hommes, entre les travailleurs détachés et domestiques, entre étrangers et nationaux ».

Sophia Chikirou

Directrice de la publication

Sophia Chikirou is the publisher of Le Monde en commun. Columnist, director of a documentary on the lawfare, she also founded several media such as Le Média TV and the web radio Les Jours Heureux.

Communications advisor and political activist, she has worked and campaigned in several countries. From Ecuador to Spain, via the United States, Mexico, Colombia, but also Mauritania, she has intervened with progressive and humanist movements during presidential or legislative campaigns.

In 2007, she published Ma France laïque (La Martinière Editions).

Sophia Chikirou es directora de la publicación de Le Monde en commun. Columnista, directora de un documental sobre el lawfare, también fundó varios medios de comunicación tal como Le Média TV y la radio web Les Jours Heureux.

Asesora de comunicacion y activista política, ha trabajado y realizado campañas en varios países. Desde Ecuador hasta España, pasando por Estados Unidos, México, Colombia, pero también Mauritania, intervino con movimientos progresistas y humanistas durante campañas presidenciales o legislativas.

En 2007, publicó Ma France laïque por Edicion La Martinière.

Sophia Chikirou est directrice de la publication du Monde en commun. Editorialiste, réalisatrice d’un documentaire sur le lawfare, elle a aussi fondé plusieurs médias comme Le Média TV et la web radio Les Jours Heureux.

Conseillère en communication et militante politique, elle a exercé et milité dans plusieurs pays. De l’Equateur à l’Espagne, en passant par les Etats-Unis, le Mexique, la Colombie, mais aussi la Mauritanie, elle est intervenue auprès de mouvements progressistes et humanistes lors de campagnes présidentielles ou législatives.

En 2007, elle publiait Ma France laïque aux éditions La Martinière.

Nous utilisons des cookies pour vous garantir la meilleure expérience sur notre site. Si vous continuez à utiliser ce dernier, nous considérerons que vous acceptez l'utilisation des cookies.